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Retrouvez plus d’articles et d’infos pratiques sur
www.estuaire-gironde.frFACE À L’OCÉAN ATLANTIQUE,
la Charente-Maritime et la Gironde tiennent
leur identité autant de l’eau que de la terre.
Tour à tour sage ou impétueux, imprévisible
ou docile, l’Estuaire charrie dans son lit une
histoire, des histoires.
Longtemps considéré comme une unique voie
pour le commerce maritime, le plus vaste
estuaire d’Europe avec ses 235 kilomètres
navigables, sa quarantaine de ports et ses
sept îles, se repositionne dans le 21
e
siècle.
Sur ses rives longtemps désertées, les popu-
lations s’installent de nouveau. Des femmes
et des hommes s’engagent pour réveiller
son histoire et ses innombrables richesses.
Le grand public le découvre. Mais ce réenchan-
tement est sous grande vigilance.
Le Syndicat Mixte pour le Développement
Durable de l’Estuaire de la Gironde (SMIDDEST)
veille et agit avec l’appui des acteurs locaux
pour concilier préservation et revitalisation
au sein d’un écosystème qui demeure tou-
jours fragile.
Les formes douces de réappropriation de
l’estuaire et de ses berges sont privilégiées.
A pied, à vélo ou en bateau, vous aurez la
chance de découvrir un site unique combi-
nant d’une manière heureuse et avec brio
tradition et modernité.
Notre magazine est une nouvelle invitation
au voyage et à la découverte d’un univers
fascinant que nous souhaitons partager et
préserver avec vous.
Lisez-le d’abord. Vivez-le ensuite. Belle
découverte à toutes et à tous !
Les eaux limoneuses de l’estuaire de la Gironde,
ses rives aux abords sauvages, bien moins indus-
trialisées que d’autres embouchures (Seine, Loire),
ses écosystèmes précieux et fragiles constituent
autant d’atouts d’un territoire de plus en plus
ouvert sur le monde. Les touristes s’y posent plus
nombreux chaque année, attirés par les grandes
étendues, les horizons étals, les oiseaux migra-
teurs, les vignobles et le silence des marais.
Pour continuer à développer ce territoire, encore
faut-il se donner les moyens de le préserver, sur-
tout lorsque données et études montrent que le
plus grand estuaire d’Europe subit des pressions
fortes. Réceptacle des eaux de la Garonne et de la
Dordogne, en aval d’une métropole bordelaise en
expansion, le fleuve est fragile : dans cette eau depuis
toujours nourricière, les poissons sont de moins en
moins nombreux, les zones humides perdent du
terrain, les eaux respirent moins bien et montent en
température.
«Nous avons des tendances négatives
depuis 2001,
explique le Smiddest (voir encadré).
Cela est dû à l’activité humaine mais aussi à une
multitude de causes et de responsabilités».
Rassembler tous les acteurs
Il fallait donc mettre en place des outils pour
redresser la barre : c’est chose faite depuis le
lancement du SAGE (voir encadré), adopté en 2013.
Il a permis de réunir tous les acteurs qui observent,
étudient, ou travaillent autour de l’Estuaire : les
associations de pêche et de chasse, les industriels,
Candidater au patrimoine mondial de l’humanité
constitue une course de fond dans laquelle le phare
de Cordouan s’est engagé depuis deux ans. En
janvier, une nouvelle étape a été franchie, avec la
présentation, devant le Comité National des Biens
Français du Patrimoine Mondial, de l’argumentaire
visant à démontrer la « Valeur Universelle Excep-
tionnelle » de Cordouan. C’est-à-dire?
«Montrer en
quoi ce monument est un patrimoine pour le monde
entier, pas seulement pour les Français mais aussi
pour les Mexicains ou... les Inuits ! En quoi sa dispa-
rition viendrait retirer quelque chose à l’humanité»,
explique Mickael Colin, du cabinet Grahal, manda-
té par la DRAC Nouvelle-Aquitaine pour rédiger le
dossier.
Pour ce faire, l’équipe a procédé à une analyse
comparative : avec d’autres phares du monde entier,
bien sûr, mais aussi avec des monuments à grande
portée symbolique.
«Cordouan a été construit
aux limites du royaume de France et à l’entrée de
l’Estuaire, nous l’avons comparé par exemple à
la Statue de la liberté à New York, qui s’élève en
pleine mer et marque l’entrée dans un nouveau
monde. Par ses conditions difficiles de construction
il se rapproche aussi d’autres monuments érigés en
milieu hostile, comme la muraille de Chine».
Le comité National des Biens Français ayant donné
son feu vert à la poursuite du dossier, l’équipe
se mobilise désormais sur la prochaine étape
- et loin d’être la dernière ! - la proposition du
périmètre de l’inscription devant ce même comité.
La route reste encore longue avant d’espérer obte-
nir le très convoité label de l’UNESCO, de plus en
plus exigeant dans ses critères et ses procédures.
« On dit qu’il faut sept à dix ans. Ce sera peut-être
un peu moins long pour Cordouan, dont le territoire
n’est pas très étendu. Mais ce sont des dossiers qui
nécessitent de la maturité.»
Tout savoir sur la candidature
du Phare de Cordouan
www.phare-de-cordouan.frDites un
chiffre
Cordouan,
un pas de plus vers l’UNESCO
650 carrelets,
ces cabanes perchées pour pêcher au filet,
jalonnent l’Estuaire. En Gironde, ils sont tous
gérés par le Grand Port Maritime de Bordeaux,
qui délivre aux occupants une autorisation
d’occupation temporaire. Leur élégance
fragile marque le paysage estuarien.
54 communes,
sur une surface de 234 000 hectares devraient
faire partie du Parc Naturel Régional du Médoc,
en voie de création.
6500 km
2
C’est la surface du parc naturel marin de la
Gironde et des Pertuis Charentais, le plus
grand des parcs marins de l’hexagone, allant
de la Vendée jusqu’au bec d’Ambès. Créé en
2015, il vise à préserver un patrimoine naturel
exceptionnel et à renforcer la cohérence
de la gouvernance à cette vaste échelle.
L’affiche a interpellé les Bordelais pendant des mois : une eau mouvante et dorée plissée par le passage d’un
bateau blanc et barrée de ces mots : «L’Estuaire, paysages et patrimoines». L’exposition, installée aux Archives
départementales de la Gironde jusqu’en mars dernier, a marqué les esprits. Par son ampleur tout d’abord :
une somme incroyable de documents et photographies, de cartes et de vidéos, ponctuait un parcours souter-
rain où se dévoilaient une histoire, un paysage, des hommes, des terres et du bâti. Ce travail remarquable
a mis en lumière une terre unique qui s’est transformée au fil du temps, façonnée par l’homme mais aussi
la force des marées, des vents, ou des accumulations de sédiments. L’exposition éclaire aussi la diversité
du paysage estuarien, de la statue de la salle de conseil municipal de Blaye aux vignes surplombant l’eau
limoneuse, des marais asséchés à la Centrale Nucléaire du Blayais.
Ce parcours est la surface émergée d’un travail de fourmi invisible : celui des chercheurs de l’inventaire du
patrimoine des ex-régions Aquitaine et Poitou-Charentes, ayant arpenté pendant six ans les rives charentaises
et girondines, poussé les portes des églises, survolé les îles, immortalisé les paysages des marais et des
falaises crayeuses. De cet inventaire ils ont fait exposition, y ajoutant des documents d’antan rares et pré-
cieux comme ce guide de croisière du 19
e
siècle à bord du prince Impérial, cette carte magnifique de trois
mètres, prêtée par les archives nationales. Une telle somme ne pouvait se cantonner à Bordeaux. Une
version itinérante d’Estuaire, paysages et patrimoine, quelque peu différente s’est posée au printemps aux
Archives départementales de la Rochelle. Avant de migrer cet hiver vers celles de Jonzac.
« Estuaire, paysages et patrimoines »,
jusqu’au 26 mai, aux Archives départementales de La Rochelle,
et du 30 octobre au 31 décembre, aux Archives départementales de Jonzac.
Rens.
05 46 48 91 13
La préservation d’un territoire aussi vaste se discute au long cours entre les acteurs de l’Estuaire. Mais il est aussi des lieux dédiés,
qui travaillent auprès des scolaires et visiteurs pour faire comprendre les enjeux d’une biodiversité préservée et les caractéristiques
du milieu estuarien. En Charente-Maritime les Pôles-Nature constituent un maillage nécessaire à l’apprentissage : le Parc de l’Estuaire
à Saint-Georges-de-Didonne s’adresse de manière scientifique et ludique aux petits et aux grands, se penchant sur les espèces de
poissons et les courants, les milieux aquatiques et les formations géologiques. A Vitrezay, la faune et la flore des zones humides sont
au cœur des préoccupations. Au port des Callonges, Terres d’Oiseaux privilégie l’observation de plus de 100 espèces d’oiseaux, dont
une grande partie de migrateurs. Chaque parc, chaque pôle met au service des visiteurs des guides passionnés qui transmettent aux
générations futures la douce et nécessaire prise de conscience de la fragilité des écosystèmes du plus grand estuaire d’Europe.
Se préoccuper du futur
estuarien, c’est imaginer la vie
dans 25 ans, aussi bien
pour la faune et la flore,
les poissons et les zones humides,
que pour les habitants et
les visiteurs. C’est s’appuyer
sur un Estuaire aux paysages
uniques, pour déployer une
activité économique respectueuse
de cet environnement.
L’équilibre entre la préservation et
le développement durable constitue,
depuis des années, la ligne de
conduite des acteurs du territoire,
qui ont adopté le SAGE Estuaire de
la Gironde. Un outil pour imaginer
l’avenir, avec une très longue vue.
Stéphanie Pichon
éditorial
Passeurs
d’environnement
L’Estuaire
s’expose aux Archives
Jean-Luc
Gleyze
Président du Conseil
Départemental de la Gironde
Conseiller départemental
du canton Sud-Gironde
Dominique
Bussereau
Président du Conseil
Départemental de
la Charente-Maritime
Député
Ancien Ministre
Pascale Got
Présidente
du SMIDDEST
©
Département 33
©
Sébastien Laval
©
Alban Gilbert
les associations environnementales, les institution-
nels, les gestionnaires. De quoi repenser le vaste
territoire estuarien à l’aune de tous les points de
vue et veiller, ensemble, à cet équilibre ténu entre
développement et conscience environnementale.
Ainsi, pour la SEPANSO, fédération d’associations
environnementales impliquée dans le SAGE, il faut
défendre
« une diversité des écosystèmes et un
estuaire dans lequel une vie soit possible. Le travail
autour du SAGE a été essentiel pour connaitre le
milieu et comprendre les responsabilités multiples
de cette dégradation.»
Les études et données
rassemblées pendant la phase d’étude sont
d’ailleurs désormais accessibles au grand public.
Le Grand Port Maritime de Bordeaux, gestionnaire
du réseau fluvial, a été un autre des partenaires,
à la fois comme opérateur de transport mais aussi
comme gestionnaire de 2500 ha d’espaces naturels
le long de l’Estuaire.
«L’environnement est devenu
une question incontournable pour nous. Le SAGE
nous a permis de recueillir des données, d’écouter
les avis de chacun et de mieux faire comprendre
nos contraintes»
, expliquent les responsables du
Port. Aujourd’hui les choses bougent : les techniques
de dragage du canal de navigation évoluent dans
le bon sens, le Port met ainsi en place, avec le
SMIDDEST, un plan de gestion des sédiments de
dragage pour les dix prochaines années. Autant de
points figurant dans les 78 dispositions du SAGE qui
tentent, à moyen terme, de dessiner un avenir, le
plus serein possible.
Petit glossaire
estuarien
Le SMIDDEST
est l’outil de travail
en commun des Départements de la
Gironde et de la Charente-Maritime,
de la Région Nouvelle-Aquitaine,
de Bordeaux Métropole, de Royan
Atlantique et des communautés
de communes de l’Estuaire et de
Haute-Saintonge pour un ensemble de
sujets touchant à l’Estuaire. Il est par
exemple chargé de réaliser des études
à l’échelle estuarienne, de coordonner
le SAGE, le programme de prévention
des inondations ou encore d’assurer la
gestion du phare de Cordouan.
Le SAGE,
Schéma d’Aménagement et
de Gestion des Eaux de l’estuaire de
la Gironde, a été adopté en 2013 par
la Commission Locale de l’eau, après
plusieurs années d’études chiffrées et
de discussions. Ce schéma définit des
contraintes et dispositions pour, qu’à
moyen terme, l’Estuaire subisse moins
de pressions sur son écosystème tout
en préservant l’activité économique.
pour en savoir plus :
www.smiddest.frParc de l’Estuaire
05 46 23 77 77
www.leparcdelestuaire.comPôle-Nature de Vitrezay
05 46 49 89 89
www.portvitrezay.comTerres d’oiseaux
05 57 32 88 80
www.terresdoiseaux.fr+0,3°
tous les dix ans
C’est l’augmentation moyenne de la température de
l’eau de l’Estuaire. Ce chiffre reflète la montée de la
température de l’air due au réchauffement climatique.
22 bateaux
de 14 compagnies sillonnent l’estuaire
de la Gironde, de Royan à Bordeaux,
pour proposer des croisières à la journée.
©
Harold Dinclaux / Conseil Départemental 33
©
Thierry Girard
©
Thierry Girard
Parc de l’Estuaire, Saint-Georges-de-Didonne
La préservation
comme vision d’avenir