L'Univers de l'Estuaire - 2017

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La cultureau grand air
Regards d’artistes Arts
11 10 Retrouvez plus d’articles et d’infos pratiques sur
Des requins en douelles de barrique qui remontent le chenal
de Mortagne-sur-Gironde, de petits papillons de carton qui
volètent dans les buissons à Port Maubert, les mats d’un bateau
imaginaire, sur l’horizon du marais de Vitrezay et bien d’autres
œuvres encore, poétiques, burlesques ou graves, dialoguent
avec l’Estuaire sur les Sentiers des Arts. Imaginés en 2013 par
la Communauté d’Agglomération Royan Atlantique (CARA), les
itinéraires, proposés chaque début d’automne, promènent le
public dans le monde du Land Art.
In situ éphémère
Cette tendance de l’art contemporain lie intimement l’œuvre et
la nature, par les matériaux utilisés, la création « in situ » et le
caractère éphémère de certaines propositions. En 2016, les Com-
munautés de Communes de la Haute-Saintonge et de l’Estuaire
se sont associées à la CARA, offrant six escales artistiques sur
la Gironde où chaque artiste a donné sa version de l’Estuaire.
« C’est une histoire très riche, celle des navigateurs, des espèces
qui peuplent le fleuve », confie le sculpteur Patrice Liron (voir
ci-contre). Fréquentés par des plasticiens renommés, parcourus
par un public nombreux - plus de 15 000 visiteurs l’an dernier -,
les Sentiers sont également animés par les acteurs de la vie
locale qui s’en emparent avec bonheur, jusqu’à proposer leurs
propres animations, telles L’art est dans le pré, créée en 2016
à Mortagne-sur-Gironde.
L’art sans filtre
Hors les murs, la pièce se joue à trois. Les artistes s’inspirent
de la nature et du patrimoine et proposent au public un regard
qui questionne, émeut ou dérange. Avec l’exposition itinérante
de pleine nature Insolites du Médoc, la photographe Delphine
Trentacosta et l’écrivain Christian Coulon entrent dans l’intimité
de lieux oubliés du Médoc. « Il n’y a pas d’objectif de conserva-
tion ou de documentation, précise Delphine. En inscrivant ces
lieux dans d’autres paysages, notre démarche relève plutôt du
Land Art ». Les Nuits des Carrelets, de l’association Territoires
Imaginaires, tournent autour des mystérieuses cabanes, de mul-
tiples façons. La soirée commence avec un temps d’échange,
et se poursuit par des installations sonores et lumineuses,
Festival Vie Sauvage à Bourg-sur-Gironde : du 23 au 25 juin,
François and the Atlas Mountain, Charles X, Botibol...
06 19 33 85 10
Un Violon sur le Sable à Royan : 22, 25, 28 et 30 juillet.
Plage de la Grande Conche - 22h
Didier Lockwood, André Manoukian, Nemanja Radulovic...
Un Violon sur la Ville en Pays Royannais : du 21 au 30 juillet
05 46 39 27 87
Festival Voûtes et Voix - Abbaye de Vertheuil :
21, 28 juillet, 4, 11 août – 21h
06 42 51 13 40
Festival Estivales de Musique en Médoc :
En juillet : 1er (Saint-Estèphe), 4 (Ludon Médoc),
5 (Saint-Yzans-de-Médoc), 7 (Pauillac), 11 (Margaux),
12 (Saint-Julien-Beychevelle), 13 (Margaux),
18 (Saint-Julien-Beychevelle) - 21h.
06 69 32 48 19
Les Sentiers des Arts : du 16 septembre au 5 novembre
Regards hors saison d’un estuaire à l’autre…
De la Seudre à la Gironde.
05 46 22 19 20
Exposition Insolites du Médoc :
Du 12 au 30 juillet, Montalivet, Grange du Patrimoine.
Du 3 au 17 août, Soulac, derrière la basilique.
tél : 05 57 75 28 40
Les Nuits des Carrelets :
Le 15 août au port des Callonges, Saint-Ciers-sur-Gironde.
Le 17 août au phare de Richard, Jau-Dignac-et-Loirac.
05 57 32 88 88
Les Esturiales :
22 juillet à Macau, (Prisca Carsalade, violon, Marianne Muglioni,
violoncelle, Gali, peinture) - 20h.
1er septembre à Bourg-sur-Gironde (Cie Macadam Piano) - 20h30
06 64 70 00 22
Le bateau des curiosités :
départs du Port des Callonges, Saint-Ciers-sur-Gironde le 9 juin
et de Bordeaux les 25 et 26 mai, 3 juin, 10 septembre.
06 64 70 00 22
L’Ile Nouvelle fait son spectacle :
les 6 et 7 mai «En route vers l’océan»
les 4 juin, 29 juillet, 13 août et 1eroctobre «Poésie élémentaire»
les 16 juillet et 5 août «Soirée spectaculaire»
les 19 août et 2 septembre «Ilouts 2017»
les 27 août et 10 septembre «Le peuple des Ilouts»
le 7 octobre «Carnet de voyage de l’île»
de mai à septembre Exposition photo de Fréderic Larrey,
Roberto Giostra, Nous Autres.
Fête des cabaniers et de l’Estuaire : les 8 et 9 juillet
«Si Lafayette m’était conté», itinérance artistique de comédiens
en costume d’époque et musique jazz New Orleans,
Port de Saint-Estèphe 05 56 59 03 78 06 88 04 95 90
A vos agendas !
Frédéric Larrey, photographe
Exposition sur Bouchaud 2017 – Ile Nouvelle
« Les cormorans nichent en colonie, souvent sur de grands arbres. Sur Bouchaud, ils ont choisi le plus haut,
totalement blanchi sous leurs fientes. Efficace contre les prédateurs, ce perchoir, situé dans un lieu en cours de
renaturation, inaccessible aux visiteurs, offre aussi un refuge à cet oiseau pêcheur, représentant d’un monde
sauvage dont on oublie parfois qu’il est notre environnement direct. J’ai pris cette photo en ULM, à basse altitude,
dans la lumière de fin de journée, pour capter un détail dans le cadre du paysage naturel où le fleuve circule de
nouveau librement. J’ai souhaité montrer la beauté graphique de cet espace vivant qu’est le littoral. ».
Patrice Liron, sculpteur
Des requins de douelles
Sentiers des Arts 2016 - Mortagne-sur-Gironde
Des requins qui remontent le chenal ? « L’installation
peut faire naître l’inquiétude en renvoyant à l’imaginaire
des films et des légendes. Mais j’ai voulu témoigner des
menaces qui pèsent sur les espèces animales et des
migrations inédites auxquelles les contraint le réchauffe-
ment climatique. Ces requins sont sculptés en douelles
de barrique. Pour moi, c’est l’association du chêne solide et de l’animal fluide évoquant l’océan et la terre, deux
éléments qui se mêlent dans l’Estuaire. Je me suis senti des affinités avec cet espace qui résonne toujours en
moi et inspire encore mon travail. »
Emmanuel Lambert, comédien
Bleu - Nuits des Carrelets 2016 - Port des Callonges
« C’est un petit garçon, devenu grand, qui vient
pêcher des souvenirs dans la cabane de sa grand-
mère. Ceux qu’elle a noyés dans la Gironde. Elle
en avait trop, ça la rendait folle. J’ai imaginé cette
histoire poétique, entre le conte et le théâtre, pour
la jouer dans un carrelet, espace sensible et clos,
rythmé par le clapotis des eaux de l’Estuaire.
À la nuit, à portée d’émotion, les spectateurs sont
tombés sous le charme… tout comme moi. J’ai
adoré cette expérience. Depuis cette création, les
carrelets m’attirent et me soufflent de nouvelles
histoires. »
Faire jouer un Stradivarius face à ses ennemis intimes, le sable,
le sel, l’humidité et le soleil, revenait à convoquer la fée Atypique
au-dessus du berceau du Festival Un Violon sur le Sable. Cette
« presque » plaisanterie, lancée il y a 30 ans par le créateur de
l’événement Philippe Tranchet, est devenue un festival où s’invitent
les stars du monde classique, avec toujours ses grains de sable et
de folie : gratuité des concerts (sauf en tribunes), orchestre sym-
phonique en queue de pie, cache-cache sans filet avec la météo,
150 000 personnes sur la plage, festival off Un Violon sur la
Ville depuis 2012.
Les festivals de musique hors les murs sont des alchimies parti-
culières entre des lieux, des artistes et des spectateurs. Lors du
Festival Voûtes et Voix , dans la très belle abbatiale romane de
Vertheuil, « les voix des artistes soulignent la pureté des lignes
de l’église, affirme Michèle Morlan Tardat, de l’association orga-
nisatrice, quelle que soit la couleur musicale : chœurs d’enfants,
musique klezmer ou chants corses. Des danseurs de flamenco
nous ont confié leur intense émotion à évoluer dans le chœur
d’une église ». Harmonie encore entre les châteaux du Médoc,
premiers crus classés, et les jeunes lauréats des grands concours
internationaux de musique. Instrumentistes, chanteurs ou chefs
d’orchestre virtuoses ont carte blanche pour les concerts des
Estivales de Musique en Médoc. « L’excellence s’applique aussi
à l’esthétique visuelle,précise Jacques Hubert, président de
l’association. La couleur bordeaux domine, les chaises sont parfai-
tement alignées. Pour autant, l’ambiance est décontractée et les
concerts sont ouverts à tous les publics ». Nés en 2003, ces deux
Festivals favorisent les échanges entre artistes et spectateurs
après le concert, autour d’une dégustation, Médoc oblige. Mais
les bons vivants n’écoutent pas que du classique. Le festival pop
rock Vie Sauvage, de Bourg-sur-Gironde, créé en 2012, « veut
rendre chaque moment savoureux, insiste Maxime Mancelet, un
des organisateurs. C’est un festival hédoniste » : concerts grand
format dans la citadelle et plus légers en ville, mais aussi séances
de yoga, jeux en bois pour les enfants, marché bio, banquets
préparés par un chef, tournoi de foot et visites guidées du village.
Vie Sauvage, pas barbare !
Il y a peu de chances que les rythmes et
mélodies originels aient été émis dans une
salle de concert. Alors mettre la musique
au cœur de nos vies, dans les églises, les
châteaux, les jardins, voire sur la plage,
c’est tout naturel… ou presque.
La mélodie du dehors
On ne sort pas la culture comme
le salon de jardin, parce que c’est
l’été, qu’il fait beau et que
les jours sont longs. Certes,
la période estivale est favorable
à l’épanouissement des arts
« in situ » mais quand les œuvres
rencontrent l’Estuaire,
l’émotion fait sens, tous les sens !
Marie-Anne Bouchet-Roy
des expériences artistiques autour des comédiens, conteurs,
musiciens, danseurs, dans une proximité inédite avec le public.
« Les artistes adorent ce risque, constate Christophe Guihot,
directeur artistique. Ce sont des performeurs. Ils font environ
16 représentations par soirée dans 9 m2. »Associer un
paysage à un moment d’émotion, c’est aussi ce qui anime
les Esturiales , créées par l’association La Boîte. En 2016,
harpiste, violoncelliste et dessinatrice ont croisé leur inspira-
tion, lors d’une fin d’après-midi, dans les jardins de la citadelle
de Bourg-sur-Gironde. « Pour secouer l’art institutionnel, quoi
de mieux que l’extérieur, l’inattendu, l’imprévisible ? »demande
Véronique Pommier, programmatrice de l’association. La
jeune femme s’est fait une spécialité des surprises, en créant
le Bateau des Curiosités. Vous connaissez l’heure de
l’embarquement et celle du retour. Entre les deux, mystère !
Mais assurément des rencontres, des dégustations de vin, des
escales et des artistes, « prêts à décloisonner leur pratique ».
En dialogue avec la nature
En éveillant la sensibilité, l’art peut devenir un mode privi-
légié de sensibilisation à l’environnement, sans renoncer à
l’exigence artistique. La photographe Delphine Trentacosta
essaie ainsi de « faire de [ses] photos un outil de réappro-
priation de l’environnement. C’est le regard artistique qui
implique, plus que les leçons de morale ».Sur l’île Nouvelle,
le département de la Gironde s’appuie sur une program-
mation culturelle originale pour éclairer les relations de
l’homme à son environnement. Du village, témoin du passé
viticole de l’île, aux actions de renaturation, réponse fine
aux enjeux écologiques actuels, le rapport de l’homme à la
nature est envisagé non comme une suite de ruptures mais
comme un processus continu d’ajustement. Ce récit de deux
siècles, presque mythique, résonne autrement aux oreilles
des visiteurs lorsque les artistes s’en emparent : textes lus ou
racontés sous un arbre à palabre, théâtre, paysages sonores...
L’émotion est alors une porte ouverte à la réflexion. Le
photographe et naturaliste Frédéric Larrey dont les photos
sont exposées dans l’ancien chai préfère ainsi « montrer
les belles choses plutôt que les dégâts irrattrapables. Cette
démarche suscite la sympathie et incline à la préservation ».
Sentier des arts 2016 : N'importe quoi de Fabrice Pressigout (Mortagne -sur-Gironde) Sentier des Arts 2016
©
Alexandre Garcia
Sentier des Arts 2016
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Alexandre Garcia
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David Gallard
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Production 114 - Hugo Guillemard
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Frédéric Larrey
Nuit des carrelets
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David Gallard