Magazine du département n°90

L'histoire 24 / l illustratrice Oriane Marie est une illustratrice rochelaise, qui, à travers la peinture, l’encre et le collage, est à la recherche d'une cohérence mais aussi d'un décalage qui amène une dimension supplémentaire aux mots. Elle illustre pour la presse et réalise des affiches pour divers festivals. www.orianemarie-illustration.fr Parvenues jusqu’à nous, deux vigies de pierre dressées à la pointe des Baleines de l’Île de Ré racontent plus de trois siècles de ce « bout du monde », jadis hostile à l’homme. Ici, à l’entrée des pertuis Breton et d’Antioche, baleines et marins ont longtemps partagé le même risque mortel : celui d’échouer sur les récifs et le fond rocheux peu profond de l’endroit. Alors, pour prévenir du danger encouru tous les navires croisant au large du secteur nord-ouest de l’Île de Ré, Colbert, ministre de Louis XIV, commanda au célèbre architecte Vauban d’y édifier une tour-fanal. Destinée à veiller au bon déroulement des navigations nocturnes, celle-ci devait aussi permettre de renforcer le système défensif du littoral charentais-maritime. Haut de 29 mètres et construit avec les coûteuses pierres de Saint-Savinien, le monument, toujours debout aujourd’hui, fut baptisé en 1682 « phare des Baleines ». Premier du nom, il reprenait alors l’appellation de la pointe sur laquelle il avait été érigé et qui faisait allusion aux cétacés longeant pendant des siècles cette côte inhospitalière. Pour eux comme pour les navigateurs… En effet, malgré la lumière artificielle générée par ce premier « feu » bâti sur la commune de Saint-Clément… des-Baleines, ce ne sont pas moins de 125 naufrages et 500 noyades qui y furent dénombrés entre 1793 et 1838. Automatisé en 2001 Dans le cadre d’un grand programme établi en 1825 par le service des Phares et Balises pour répondre à l’augmentation du trafic maritime, un second phare des Baleines sera allumé en 1854. Conçu par l’ingénieur Léonce Reynaud, il sera secondé par le phare des Baleineaux, posé sur le « Haut banc du Nord » à trois kilomètres au large pour renforcer la sécurité des navigateurs. Fonctionnant d’abord au pétrole, la nouvelle sentinelle maritime de 57 mètres de « hauteur d’ampoule » bénéficiera d’une électrification en 1904, puis d’une automatisation en 2001. Ayant quitté les lieux cette année-là, Marc Rayneau, son dernier gardien, raconte tout le soin qu’il apportait aux deux lentilles de Fresnel dont sa « seconde maison » pendant vingt ans est toujours équipée, et qui continuent d’éclairer à cinquante kilomètres à la ronde, à raison de 4 éclats blancs toutes les 15 secondes. Au-delà de son intérêt fonctionnel, ce monument reconnu « historique » en 2012 (comme le premier phare situé à 80 mètres en contrebas) possède un pouvoir d’attractivité indéniable. Chaque année, ce ne sont pas moins de 150 000 visiteurs qui affrontent les 257 marches permettant d’atteindre son sommet. De là-haut, ils peuvent profiter d’un panorama à 360° et embrasser du regard l’océan, l’Île d’Oléron et ce pertuis sur lequel semble veiller éternellement un géant blanc à tête rouge… et cette année, le phare fête ses 170 ans ! Le phare des Baleines, de Vauban au présent chassiron.jimdo.com Depuis juin 2022, le Département de la Charente-Maritime est gestionnaire du Phare des Baleines et du Phare de Chassiron, deux incontournables que vous pouvez visiter. Plus d'infos pharedesbaleines.com

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