L'histoire Colette Besson, la "petite fiancée" de la Charente-Maritime Née à Saint-Georges-de-Didonne en 1946 et consacrée championne olympique à Mexico vingt-deux années plus tard, celle qui fût surnommée « la petite fiancée de la France » après son sacre n’était pas censée connaître un aussi beau destin. Et pourtant… 16 octobre 1968. Mexico. Finale de la course des 400 mètres des Jeux Olympiques d’athlétisme. Dossard 117 sur le dos, la concurrente au couloir 5 aborde en 5e position la dernière ligne droite. Elle est Française, s’appelle Colette Besson et va soudain accomplir une remontée fantastique pour venir coiffer sur le fil la Britannique Lilian Board, grande favorite de l’épreuve. Tout à l’heure, sur la plus haute marche du podium, la jolie jeune femme brune ne pourra retenir ses larmes, peut-être consciente qu’elle vient d’entrer dans le Panthéon du sport de notre pays, certainement parce que cette course pour l’éternité qu’elle vient d’accomplir n’était pas forcément toute tracée. Très loin, du côté de Saint-Georges-de-Didonne où elle a vu le jour et grandi, ses proches, ses parents doivent jubiler devant leur poste de télévision. Le Général de Gaulle lui-même confiera plus tard qu’elle fût la seule femme à l’avoir fait pleurer… Si la France sportive s’émeut d’une telle performance, peu de personnes connaissent alors quel étonnant parcours a accompli la Charentaise-Maritime pour arriver au sommet ultime de sa discipline. Repérée pour ses aptitudes par un professeur d’éducation physique, elle use ses premières pointes à 14 ans, au sein du club d’athlétisme de Royan. Devenue elle-même « prof » de sport en Gironde, la licenciée alors du Bordeaux Étudiants Club cultive dès 1966 une belle ambition : une participation aux Jeux Olympiques de Mexico programmée deux années plus tard. Entraînée par Yves Durand Saint-Omer, un coach iconoclaste aux méthodes novatrices, elle pratique avant l’heure le sprint fractionné, court souvent en forêt et parfois sur le sol souple d’un manège équestre pour se forger une musculature naturelle. Ne partageant pas vraiment cet esprit de liberté et de nouveauté, les responsables de la fédération française mettent « des bâtons dans les jambes ! » de l’athlète confirmée, au point de ne pas la sélectionner pour les championnats d’Europe de 1967, alors que ses résultats sportifs le lui permettaient. 1968, une année très spéciale 1968 arrive, l’année des JO donc, mais aussi celle où la colère gronde partout en France, avec des grèves paralysant le pays. Au chômage technique, Colette, son entraîneur et l’épouse de celui-ci partent s’installer quatre mois et demi à Font-Romeu, dormant sous la tente pour se préparer au mieux dans les mêmes conditions d’altitude que celles de Mexico. Le reste de l’équipe de France n’arrivera dans les Pyrénées que deux semaines avant le départ pour les Jeux… N’ayant que le 23e temps des concurrentes en lice, celle qui ne visait qu’une place en finale entrera donc dans l’Histoire du sport mondial par la plus grande des portes. « Je ne pensais pas gagner. Mais après 300 mètres de course, je me suis dit, pourquoi pas ? Tu es bien, continue ! Et c’est passé. Les autres ont craqué, elles manquaient de souffle… » Même si d’autres médailles jalonneront la suite de sa carrière, celle qui détiendra un temps le record du monde du 400 mètres arrêtera la compétition en 1977, quand l’ère de la préparation outrancière, souvent fondée sur le dopage, l’incitera définitivement à le faire. Restant fidèle à son milieu de prédilection, elle occupera dans la foulée la fonction d'entraîneur national au Togo, Conseillère technique Régionale aux Antilles puis dans le Pacifique, Professeur de sport à la Réunion, Présidente du conseil d’administration du Laboratoire national du dépistage du dopage, tout en continuant à promouvoir son sport. Malgré ces 20 années passées très loin de la métropole, ses deux filles Sandrine et Stéphanie naîtront lors de ses vacances à la maternité de l'hôpital de La Rochelle. Vaincue par un cancer du poumon en 2005, Colette Besson recevra le dernier hommage de plus d’un millier de personnes lors de ses obsèques à La Rochelle. Évoquant, dans son éloge funèbre ce jour glorieux d’octobre 1968 aux JO de Mexico, Dominique Bussereau, alors Ministre de l’Agriculture et élu de Saint-Georges-de-Didonne, avant de devenir Président du Département, rappela qu’« entrée ce soir-là dans le cœur de tous les Français, la petite fiancée de la France n’en est plus jamais ressortie ». Elle repose aujourd'hui au cimetière d'Angoulins-sur-Mer. © C. Besson, collection Bettmann, GettyImages - Shutterstock 24 /
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