L'histoire 24 / Plus haut, plus loin, plus fort. En se donnant comme mode de vie de la risquer, Sophie Blanchard est entrée dans la légende de l’aéronautique pour se poser juste à côté de celle de son mari. Bienvenue pour un voyage en ballon qui a commencé près de chez nous… Février 1778. Jean-Pierre Blanchard, inventeur, alors sans succès, de plusieurs machines censées partir à la conquête du ciel, séjourne dans une auberge proche de La Rochelle, à Yves, au lieu-dit Les TroisCanons plus précisément. Ne pouvant s’acquitter de ses frais de pension auprès de l’aubergiste, enceinte de huit mois, il prend l’engagement d’adopter le futur enfant de cette femme si c’est un garçon et de l’épouser si c’est une fille. Promesse tenue quelques années plus tard, quand Sophie, née Armant, devient Sophie Blanchard. Entre-temps, ce parfait autodidacte est devenu l’un des plus célèbres aéronautes français qui, dans le sillage des fameux frères Montgolfier, a réussi le premier vol habité d’un ballon de sa conception, celui-ci étant gonflé à l’hydrogène, muni d’une hélice et de rames en plumes mues à la force des bras… Le 7 janvier 1785, accompagné d’un mécène américain, il traverse même la Manche à bord de sa création volante, ce qui lui vaut une gloire dans toute l’Europe, là où celui qui est devenu le premier aérostier professionnel au monde va ensuite se produire à de multiples reprises pour des démonstrations de vol. Initiée à l’art de faire décoller et flotter dans les airs cet engin fascinant, Sophie ne veut pas rester simple spectatrice des exploits de son mari, d’autant que de graves problèmes financiers incitent le couple à se produire à deux lors de leurs « ascensions-spectacles ». En 1808, le drame vient frapper à leur porte : victime d’une crise cardiaque en vol, Jean-Pierre Blanchard tombe de son ballon et meurt quelques mois plus tard des suites de cette chute. L’heure de prendre son destin en mains avait sonné pour Sophie Blanchard, qui avait réalisé son premier vol en solo trois années auparavant. Même si elle n’est pas la première femme aéronaute, ni celle qui fait le premier voyage en ballon à gaz, cette véritable aventurière créera un précédent dans l’histoire de l’aéronautique en pilotant sa propre machine et en faisant d’aérostière sa profession. Reine des airs, où elle compile les montées devant des milliers de spectateurs enthousiastes à Vienne, Berlin, Amsterdam, Londres, Saint-Pétersbourg, Rome ou encore Turin, elle fait, en 1810 à Paris, une ascension prestigieuse pour célébrer le mariage de Marie-Louise d’Autriche avec l’Empereur Napoléon Bonaparte, dont elle est d’ailleurs à la fois une favorite et une ministre. Peut-être parce qu’elle s’est révélée intrépide invétérée, certainement parce que les foules qui se pressent à ses représentations affichent une curiosité toujours plus insatiable, celle qui a été nommée « aérostière officielle de la Restauration » par Louis XVIII multiplie les prises de risque. Proche de se noyer lors d’un atterrissage dans des marais, Sophie ne renonce pas à braver le danger en en donnant toujours plus au public. Le 7 juillet 1819, au cœur du fameux jardin parisien du Tivoli, sa soixante-septième montée sera la dernière. Parvenue à 300 mètres de haut, avec pour projet de libérer un feu d’artifice sur le parc, elle enflamme son aérostat qui descend vers le sol, avant de percuter le toit d’une maison et de provoquer la chute mortelle de son occupante. Son destin tragique finira d’en faire une légende de l’aéronautique et un modèle pour les femmes qui rêveront d’embrasser des carrières traditionnellement réservées aux hommes. Aujourd’hui, cette héroïne des airs repose au cimetière du Père-Lachaise, dans une sépulture figurant un ballon dirigeable en feu. l'illustratrice Pauline Marguier est une illustratrice autodidacte, dont l'univers doux et poétique tourne autour de l'enfance. La sienne fut notamment marquée par ses vacances passées sur l'Île d'Oléron, qu'elle visite chaque été et qui continue de marquer son univers. Retrouvez son travail sur Instagram : @pauline_marguier Sophie Blanchard, les air comme domaine
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