L'Échappée Maritime, c'est votre Tour !
MARDI 8 SEPTEMBRE Que de tout inconnu, le [coureur] se méfie ». C’est en ces termes que Jean de La Fontaine aurait pu mettre en garde les loups du peloton du Tour de France, s’il avait vécu 400 ans plus tard. À vélo, l’inconnu surgit souvent du ciel. Certes, si en Charente- Maritime, le vent s’en mêle, les coureurs ne pourront invoquer la surprise, ainsi longeant le littoral, depuis le Château d’Oléron vers le sud, en direction de Royan avant de remettre le cap au nord, en pointant Châtelaillon, La Rochelle et l’Île de Ré. Réputé fin stratège, Cyrille Guimard, mon habituel consultant sur la Chaîne L’Équipe, répète à l’envi : « le vélo, c’est de la voile ». Car celui qui conduisit successivement Van Impe, Hinault, Fignon au(x) succès sur cette épreuve sait bien que la véritable équation du vent dépend davantage de son orientation que de sa vigueur, mais aussi des espaces bien dégagés qu’on lui réservera pour y faire sa soudaine intrusion. Posez la question aux 104 coureurs stoppés dans leur élan en 1999, lors d’une incursion par l’île de Noirmoutier. Ce jour-là, le vent n’avait été que le facteur aggravant d’une chute collective sur la route humide et salée, au passage du Gois. 167,5 km Le Château d’Oléron Saint-Martin-de-Ré Étape 10 Journaliste sportif « vélo », Patrick Chassé spécialiste et commentateur du Tour sur Eurosport et L’Équipe TV depuis 1992, né à Rochefort. « D’ÎLES À TIRE D’AILES » Et si le 8 septembre, le vent ne souffle qu’à 15 km/h, croyez-vous que cela ne suffira pas au peloton pour s’étirer à tire d’ailes en vue de La Pallice et atteindre son point de rupture sur le pont de l’Île de Ré ? Je n’ai aucun doute que le deuxième pont le plus long de France, du haut de ses 42 mètres, ouvert à tous les horizons, laisserait une simple brise « épar- piller par petits bouts » façon Michel Audiard (grand amoureux de la petite reine) la meute des coureurs, bien avant qu’elle ne touche l’autre rive et n’atteigne Saint-Martin. ©LaurentArgueyrolles 6 Séverine Eraud Championne de France 2019 de contre-la-montre (à droite sur la photo). LE REGARD D’UNE CHAMPIONNE Championne de France 2019 de contre-la-montre, Séverine Eraud porte les couleurs du Charente-MaritimeWomen Cycling et défendra son titre une semaine avant le départ du Tour. Issue d’une famille de cyclistes, elle apprécie cette épreuve qu’elle aimerait disputer quand elle existera en version féminine. Quels sont vos objectifs sportifs pour cet été ? J’aimerais être à nouveau championne de France du contre-la-montre et bien me comporter lors des championnats d’Europe sur route, toutes ces épreuves se disputant en Bretagne fin août. Pourrez-vous assister aux 2 étapes du Tour en Charente-Maritime ? Malheureusement non car le calendrier est très chargé depuis que l’on peut à nouveau s’entraîner et participer à des courses. Par contre, je ferai la reconnaissance de l’étape entre Oléron et Ré avec mes coéquipières avant les coureurs du Tour. Le 8 septembre, cela devrait vraisemblablement finir au sprint, sauf si le vent crée des cassures dans le peloton et qu’il y a des échappées. Qu’est-ce que le Tour vous évoque ? D’abord une grande fête populaire pour les habitants des régions qu’il traverse. Ensuite, d’excellents souvenirs au bord de la route, avec cette ambiance de course qui m’a certainement donné envie de faire du vélo mon sport. Je me souviens notam- ment d’une arrivée au sprint à Redon, avec tous ces spectateurs et une animation incroyable. Il y a un projet de Tour féminin pour 2022… Ce serait bien qu’il y ait un pendant féminin du Giro italien auquel j’ai d’ailleurs déjà participé. Les compétitions à étapes sont différentes des courses en ligne, il faut savoir mesurer son effort, courir en équipe, saisir sa chance quand les leaders vous la laissent. Et comme il y a toujours une épreuve contre- la-montre pendant le Tour et que c’est ma spécialité… ©SéverineEraud
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