Dossier de concertation

Du 2 mai au 27 septembre 2024 DOSSIER DE CONCERTATION

Édito................................................................................................................................................................................ p.3 Présentation générale du projet........................................................................................................ p.4 Fort Boyard, une histoire unique . ...................................................................................................... p.5 Frise chronologique . ...................................................................................................................................... p.6 L'histoire du fort.................................................................................................................................................. p.8 En images / fort Boyard sans ses protections historiques, un ouvrage fragilisé . .................................................................................................. p.24 Fort boyard 2022 : un état des lieux inquiétant . ............................................................. p.32 Fort boyard son contexte et son environnement . ........................................................ p.38 Fort Boyard, la demande et le projet . ........................................................................................ p.42 Fort Boyard, la méthode, les difficultés, avec les moyens associés et l'environnement ...................................................................................................................................... p.50 Fort Boyard : groupe projet, calendrier, budgets et recettes mobilisables .......................................................................................................................... p.57 La concertation préalable ..................................................................................................................... p.60 Glossaire ................................................................................................................................................................. p.62 Sources .................................................................................................................................................................... p.63

3 "NOTRE OBJECTIF : LUI REDONNER SA MAJESTÉ " Oui il faut sauver le fort Boyard ! Plus qu'un simple fort, ce joyau de notre patrimoine représente fièrement notre identité charentaise-maritime, qu’il fait rayonner en France comme à l’international. Imaginé par Louis XIV, impulsé par Napoléon Ier et achevé sous Napoléon III, il a accueilli des légendes du cinéma telles qu'Alain Delon et Lino Ventura, tout en défiant les plus intrépides participants de l’émission culte « fort Boyard ». Cependant, aussi fier et robuste soit-il, ce trésor patrimonial a aussi subi l'épreuve du temps et les assauts implacables des tempêtes et des vagues depuis près de deux siècles. Ce n’est qu’à partir de 1989 que le Département, devenu propriétaire du fort, a pu investir régulièrement dans sa restauration (façade, murs, vigie, escaliers…). Aujourd’hui, il est nécessaire de protéger durablement ce monument emblématique des aléas climatiques qui se succèdent et sont amenés à s’intensifier. Notre objectif : lui redonner sa majesté, en lui offrant une protection solide pour qu’il continue à faire partie du paysage charentais-maritime. Le fort Boyard a généreusement contribué à notre histoire ; c'est désormais à nous de lui rendre hommage en veillant à sa sauvegarde. Sylvie Marcilly Présidente du Département de la Charente-Maritime

4 Le fort Boyard, monument célèbre à travers le monde, propriété du Département de la Charente-Maritime est en danger. Depuis plusieurs décennies, le fort Boyard subit les assauts des vagues et du temps, menaçant sa pérennité. Si le fort était, à l’origine, protégé par un éperon sur sa façade Nord-Ouest et par des jetées latérales faisant office de havre d’accostage sur sa façade Sud-Est, il est depuis plusieurs années exposé à la mer ; ses ouvrages de protection ayant été détruits au fil du temps. Cela se traduit aujourd'hui par une forte exposition du fort Boyard aux attaques de la houle et par des franchissements importants qui peuvent générer des dégâts à l’intérieur même du fort. Face à ce constat et afin d’assurer la pérennité du fort, des solutions doivent être mises en place rapidement. C’est pourquoi, dès 2020-2021, le Département de la Charente-Maritime, en qualité de propriétaire du fort Boyard, a confié à ARTELIA une mission d’étude de faisabilité détaillée sur la protection du fort Boyard contre la houle et sur la mise en place d’une solution sécurisée d’accès à la plateforme située à proximité. Pour faire suite à la réalisation de cette étude, le Département a pris la décision de lancer l’opération de protection de fort Boyard contre la houle. Conséquence : sur la base de cette étude de faisabilité, le Département a engagé, début mars 2022, des études techniques, environnementales et réglementaires dans le but de concrétiser des travaux à partir de l'été 2025. Situé dans un environnement sensible, le Département a la volonté que les travaux, objet de cette opération, soient exemplaires du point de vue de la maîtrise technique, de la protection et de la préservation de l’environnement. À gauche : maquette de fort Boyard au début XXème siècle ; à droite : fort Boyard en mars 2019. DR DEPT17

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LE TEMPS DE LA CONSTRUCTION LE TEMPS DE L'OCCUPATION LE TEMPS DE LA RÉNOVATION 1801 1870 1872 2020 1809 1908 2021 2024 Napoléon relance l’idée du fort Boyard Fort Boyard : prison d'état Le fort est déclassé et abandonné Fermeture de la prison Étude technique de reconstruction des ouvrages de protection du fort Arrêt du chantier suite à la bataille des brûlots Dernière fois que le fort joue un rôle défensif Le Département vote une AP de 44 millions d'euros pour la restauration du fort Printemps : choix d'un groupement d'entreprise pour réalisation des travaux Reprise du chantier Démarrage du chantier Audit du fort : nécessité d’intervenir avant la ruine du fort 1841 1803 2019 6 1913

1967 1989 2027 2025 1998 2011 1996 2005 1988 1989-1990 1859 1868-1869 Tournage du film Les Aventuriers 27 décembre Le Département achète le fort Automne : fin des travaux des ouvrages de protection contre la houle Été : démarrage des travaux de reconstruction des ouvrages de protection Début du jeu fort Boyard Restauration de la façade extérieure nord Restauration de la vigie, de l’escalier extérieur, des voûtes des escaliers intérieurs et des façades extérieures en partie haute. 2e campagne de restauration Réfection des murs extérieurs Présentation par Jacques Antoine Au Département du projet de jeu Rénovation complète du fort 6 février : Fin officielle du chantier Arrivée des premiers militaires et décision de construire le brise lame et le barachois Le fort est mis en vente Élargissement de la Risberme Démarrage des travaux de restauration du fort 1866 2028 7 1962 1990

FONDATIONS DU FORT 1ere PÉRIODE DE CONSTRUCTION 1802-1809 • Description du projet Le projet de la première phase de construction est le suivant : - création d’un plateau en enrochements de dimensions 100 m par 50 m en pierres perdues jusqu’à la côte des plus basses mers (aucune information sur le référentiel de la cote des plus basses mers) avec une pente de 6 pour 1. - recouvrement du matelas rocheux par trois assises en maçonnerie. La cote des maçonneries s’élève à 3 m audessus des plus basses mers (aucune information sur le référentiel de la cote des plus basses mers). - construction d’une maçonnerie de forme elliptique à parement cycloïdal jusqu’à la cote +2 m par rapport aux plus hautes mers. • Description des matériaux Les fondations sont constituées des matériaux suivants : - pierres perdues (90 kg-1,6 t) constituant l’essentiel de l’enrochement et de l’assise sur une surface de dimensions 100 m par 50 m et de pente 1 pour 6. Les pierres d’enrochement proviennent de l’île d’Aix et ont une masse volumique de 2 463 kg/m³ (informations provenant des deux notices historiques du fort conservées aux Archives de la défense de Rochefort. Ces deux notices ont été écrites par Monsieur Tarrate, l’ingénieur en chef des travaux et Monsieur Garnier) ; - blocs de volume variable ; - blocs coulés en place pour les assises ; - les blocs sont reliés par un mortier composé de chaux hydraulique, de sable et de pouzzolane italienne ou de trass de Hollande ; - chaux de La Rochelle ou Challons. HISTORIQUE DE LA CONSTRUCTION DU FORT BOYARD Chronologie générale de la construction du fort Le fort est construit sur 3 différentes périodes allant de 1802 à 1866 : - 1ère période de construction 1802-1809 : Exécution de l’enrochement. - 2e période de construction 1840-1850 : Construction du massif de la base. Entre 1837 et 1842, un diagnostic de l’ouvrage existant est effectué et différents projets de fort sont proposés. À partir de 1842 commence la construction du fort à proprement parler. - 3e période de construction 1860-1866 : Construction de l’éperon et du havre d’accostage. 8

• Déroulement de la construction La construction de la fondation s’effectue lors de la première phase de construction entre 1802 et 1809. Elle se déroule de la manière suivante : - 1804 – Début de construction : 11 000 m³ de pierres sont versées et disposées autour d’une balise sur une hauteur de 7 m et sur une surface de forme tronconique de 45 m de diamètre. - 1805 – Poursuite de la construction : 16 000 m³ de pierres sont versées et disposées de la même manière que l’année précédente. Le massif de pierres de forme tronconique présente alors un diamètre de 70 m et une hauteur de 6 m. De plus 150 caisses et 1 000 sacs de mortier sont placés sur les pierres afin d’obturer les vides et de stabiliser ces dernières. Dans le même temps, des expériences sur le mortier sont réalisées en faisant varier les proportions de chaux, de pouzzolane et de sable. Chaque mélange est testé pour sa dureté et sa résistance à l’eau de mer. - 1806 – 16 266 m³ de pierres sont versées et disposées, cela représente donc un volume total de 43 000 m³ de pierres sur une hauteur de 6,98 m. Ensuite des blocs de pierre de 3 à 4 m³ sont placés sur la couche d’enrochement pour stabiliser les moellons. La décision est prise d’ajouter un deuxième étage. - 1807 – Les blocs de 3 à 4 m³ ont été chassés par la mer. Aussi, il est décidé de tailler des blocs de 8 à 10 m³ pour remplacer ces derniers. La fondation a subi un tassement de 1,20 m sous son propre poids. Le volume de pierres perdues est remplacé par un volume de pierres équivalent à celles perdues. La cote supérieure de la fondation est portée à 1,79 m (référentiel non connu, le référentiel Bourdaloue est cependant mentionné dans certains plans). Ce niveau correspond au niveau choisi pour le début de la pose des 3 couronnes de pierres. Des sacs de mortiers sont placés entre les grosses pierres et une couche de béton de 10 cm est coulée pour offrir une assise correcte à la couronne. À l’intérieur de cette couronne des blocs de pierre de 7 à 10 m³ maintiennent la ceinture en place. Les trois couches d’assises sont partiellement construites malgré quelques désagréments. Ces dernières sont construites avec des éléments de dimensions 2,5 m x 1,5 m x 0,6 m crochetés entre eux. Au total 4/5e de la première assise sont réalisée et 2/5e de la deuxième. En tout 66 000 m³ de pierres sont déversées. Une tempête pendant l’hiver engendre la destruction d’une partie de la première et de la deuxième assise. - 1808 – Les travaux ont à ce stade pris du retard, principalement à cause des épouvantables conditions climatiques du site qui rendent les conditions d’accès au site et l’approvisionnement des matériaux très compliqués. Face aux difficultés, différentes solutions de construction sont proposées parmi lesquelles un cône en bois. Cette proposition n’est pas retenue et il est décidé que le fort sera plus petit (40 m par 20 m). Il sera construit en maçonnerie sur l’enrochement déjà en place, les liaisons entre les blocs seront renforcées. L’orientation du fort est modifiée, un angle de 40° vers l’est par rapport au nord est choisi. Fin de la campagne après l’apport de 11 768 m³ de pierres supplémentaires. - 1809 – Les tempêtes ont de nouveau transporté des blocs de 4 à 7 m³ à plus de 35 m. Par la suite la rade d’Aix subit une attaque des Anglais. La construction est à l’arrêt à partir de 1809. Plans et coupe de l’enrochement du fort de Boyard à la fin de la campagne de 1804. 9 DEPT17 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 76

FONDATIONS DU FORT 2e PÉRIODE DE CONSTRUCTION 1840-1850 • Modifications du projet de 1803 en 1842 Les modifications suivantes sont apportées : - modification des dimensions du fort : le fort sera plus petit ; - modification de l’orientation du fort ; - remplacement des blocs naturels de défense par des blocs artificiels de gros volume ; - remplacement des blocs artificiels des fondations des pierres ; - remplacement des liaisonnements entre blocs originellement en fer par du ciment. Plans figurant l’enrochement de Boyard à la basse mer du 18 août 1839 au matin. INTRODUCTION La première phase de construction se termine en 1809 par une attaque des anglais. La seconde phase de construction débute en 1837 par une phase de diagnostic de l’ouvrage dans la mesure où les travaux ont été interrompus pendant une trentaine d’années. Il est nécessaire d’évaluer l’état de l’existant. Cette phase permet d’attester que la couche d’enrochement réalisée en 1809 est stable et qu'elle a tassé de 1 m sous son poids. Le tassement de l’enrochement est donc de 2 m 50 au total. La couche d’enrochement est également parfaitement nivelée. Entre 1837 et 1842 se succèdent différentes adaptations du projet de 1809. Les dimensions sont notamment revues à la baisse. Cette période de réflexion va notamment être à l’origine de l’émergence de nouvelles propositions de méthodes de construction telles que la construction des fondations par caissons. Le projet final est signé en novembre 1842. 10 Service historique de la Défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 77 1 2

• Caractéristiques du projet de 1842 Les caractéristiques du nouvel édifice sont les suivantes : - la construction de la base jusqu’à 2 m au-dessus des plus hautes mers (référentiel non communiqué) comprend l’exécution d’un massif plein de maçonnerie en moellons calcaires entouré d’un parement granit droit incliné au 1/20e ; - les nouvelles dimensions du fort sont les suivantes : 65 m x 35 m ; - l’édifice est pourvu d’un escalier le long du parement de la base côté Sud-Ouest ; - le massif est établi à 1 m 50 au-dessus des plus basses mers (référentiel non communiqué) sur une couche générale d’arasement. Cette couche d’arasement est constituée de moellons calcaires avec mortier de ciment d’un mètre d’épaisseur et d’une hauteur moyenne de 1m qui divise la surface de l’enrochement en cases d’un volume de 8m³. Ces caissons sont remplis de béton de chaux hydraulique. Cette couche d’arasement présente une surface égale à celle de la première assise. La première assise est dotée d’une risberme de 2 m de largeur ; - devant la risberme doivent être placées 3 rangées de blocs artificiels de volume de 15 m³. • Caractéristiques des matériaux Les caractéristiques des matériaux mis en place sont les suivantes : - béton des cases : béton avec chaux hydraulique avec pouzzolane artificielle ; - béton des blocs artificiels : béton avec de la chaux de Doué ; - maçonnerie des murets : Ciment de Pouilly ; - granit des îles Chausey ; - ciment anglais fabriqué à Nine-Elms par la société Francis et Fils. • Déroulement des travaux Le déroulement des travaux s’est effectué de la manière suivante : - 1842 – Lancement du chantier de construction des fondations du fort. Les pierres de l’enrochement issues de la construction de 1809 sont stables. Pour offrir une base stable au fort de petites cases sont réalisées puis remplies de béton hydraulique. L’avance se fait du sud au nord en terminant chaque case avant d’en commencer une nouvelle. Cette couche d’arase permet le nivellement de l’enrochement en moellons. Le soubassement du fort est élevé de manière identique avec cette fois des murets construits en moellons et mortier hydraulique de 1m de hauteur. Chaque case est ensuite remplie de pierres et de béton puis couverte d’un dallage en pierres. En parallèle, les recherches et essais sur les matériaux sont fructueux puisque le ciment survit à l’action de l’eau. Plans des travaux exécutés – 1842. 11 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 W 3

- 1843 – La construction du soubassement du fort débute. Afin de conforter les assises, la risberme est réalisée en béton hydraulique, elle est posée sur les moellons de l’enrochement pour les stabiliser. Un rang de blocs artificiels de volume 15 m³ de dimensions (4 m x 2,5 m x 1,5 m) et de poids 35 tonnes est disposé en ceinture de la risberme. 12 Plans des travaux exécutés – 1843 (1/2) Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR R 1 K 4 W 3

13 - 1844 – Les assises avec les parements de granit sont réalisées sur la moitié du périmètre. Plans d’avaries – 1844. - 1845 – Trois rangs d’assise sont réalisés sur la partie hémisphérique nord-ouest, cinq sur la partie hémisphérique sud-est et sur le rectangle central. Une ceinture de blocs de 15 tonnes est posée sur la moitié du périmètre. Plans des travaux exécutés – 1845 - 1846 – Le mortier des risbermes s’est ramolli puis décomposé. L’ouvrage est donc menacé. Il est à l’époque évoqué l’idée de construire une risberme de 6m de large pour envelopper l’ancienne risberme. La décision est prise de rehausser le fort de 1,05 m pour accroître notamment la portée des canons. La construction d’un havre d’accostage est envisagée afin de palier aux grosses difficultés d’accès au fort. Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR R 1 K 4 W 3 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR R 1 K 4 W 3

14 - 1848 – Les travaux du soubassement jusqu’à 2m audessus des plus basses mers (référentiel non précisé) sont presque terminés. - 1849 – Début des travaux du fort en tant que tel. Une partie des pierres de tailles de 1809 sont réutilisées car jugées de suffisante qualité. Le reste des pierres proviendra des carrières de Saint-Savinien. Projets pour 1849 Fortifications / Plan du Rez de Chaussée – 2 Octobre 1849 - 1847 – Les travaux de la dernière couronne d’assise reprennent. Un ciment local est réalisé à Boyard à partir de pierres de l’estran rocheux de la Mortanne. Cette pierre est argileuse et composée de 73.5% de carbonates de chaux et de 26.5% d’argile constituée de silice, d’alumine et de fer. Couplé à du sable ce ciment est moins sec que le Parker ou le ciment Pouilly de la Drôme et donc plus intéressant. La décision est finalement prise d’élargir la risberme à 6m au lieu de 1,50 m. Un nouveau problème survient ; un certain nombre de blocs artificiels en béton de pouzzolane se décomposent sous l’action de la mer. Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 76 48

15 - 1850 – Les premières casemates du rez-de-cour sont construites. Deux jetées provisoires sont également construites pour les livraisons de matériel. Un projet d’envergure est imaginé pour l’architecture du fort ; il sera finalement repensé et amoindri. - 1851 – À la fin de 1851, les citernes et le rez-de-cour sont réalisés. - 1852 – Les plans du fort imaginés dans les années précédentes sont repensés et simplifiés. De fortes tempêtes engendrent la destruction des jetées provisoires d’accostage, ainsi que des éléments en bois, fer ou fonte. Les blocs artificiels ont été arrachés et projetés, par ailleurs la plateforme d’appui du fort se désagrège. Les blocs artificiels seront donc changés. Projets pour 1851 et 1852 Fortifications / Coupe longitudinale et Élévation suivant CD - 19 Octobre 1850. Projets pour 1853 et 1854 Fortifications / Coupe longitudinale et Élévation suivant EF – 6 Décembre 1852. Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 77 2 433 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 77 1 1

16 - 1856 – Fin du gros œuvre. - 1857 – Réalisation d’aménagements intérieurs. Projets pour 1853 et 1854 Fortifications / Coupe longitudinale et Élévation suivant CD – 25 Novembre 1852. Détail d’ameublement des casemates– 1855 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 77 2 441 33 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 83

CONSTRUCTION DU HAVRE D’ACCOSTAGE ET DE L’ÉPERON 3e PÉRIODE DE CONSTRUCTION • Caractéristiques de l’éperon Le projet de l’éperon consiste en un ouvrage en forme de chevron aux bras inégaux. Il est orienté de telle sorte qu’il protège le fort des houles les plus fréquentes. Il est prévu que cet édifice soit construit sur un tapis de blocs artificiels. L’axe de l’éperon sera décalé de 15° par rapport à l’axe initial du fort. Les caractéristiques de l'éperon sont les suivantes : • Ouverture = 120° • Longueur = 85 m • Hauteur =8 m • Épaisseur à la base= 8 m • Épaisseur en tête= 4 m • Cote supérieure= 2 m au-dessus des plus hautes mers (Référentiel non précisé) • Cote inférieure = Hauteur correspondant à la marée basse • Fondée sur 3 rangées de blocs artificiels de 20 m³ • Défenses = 2 rangées de blocs de 26 m³ • Parement en granit et ciment portland ou de médina Extrait du plan de Projet de l’éperon et du havre d’accostage – Décembre 1859. INTRODUCTION En 1858 sont réalisés les premiers bilans concernant la durabilité des blocs artificiels utilisés sur le fort. Il révèle que les mélanges effectués avec les roches du banc de la Mortanne ou avec la pouzzolane ne résistent pas. Ceux réalisés en trass de Hollande se dégradent après 12 ans d’immersion. En revanche, les blocs confectionnés avec du ciment de Nine-Elms sont très bien conservés même après 14 ans d’immersion. Depuis quelques années sont proposés des projets d’éperon et de havre d’accostage pour le fort Boyard. Le fort a subi d’effroyables coups de mer qui ont déjà détruit le havre d'accostage provisoire ; bien que ce dernier ait été reconstruit, il semble à l’époque nécessaire de proposer une solution pérenne. Par ailleurs la construction d’un éperon pour protéger le fort des affres de la météo apparaît également vitale. Ainsi au mois d’août 1859 les propositions d'éperon et de havre d'accostage sont acceptées par le ministère. Ces protections évolueront par la suite. 17 1860-1866 • Caractéristiques des ouvrages de projet en 1859 L’ouvrage tel qu’il est imaginé en 1859 est illustré sur la figure ci-contre : en fer par du ciment. Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 79

• Caractéristiques du havre d’accostage Les caractéristiques du havre d’accostage sont les suivantes : • Composé de deux jetées • Longueur jetée = 22 m • Largeur jetée = 4 m • Hauteur jetée = 2 m au-dessus des plus hautes mers (référentiel non précisé) • Placement = les jetées sont placées symétriquement par rapport à l’axe du fort avec laquelle elle faisait un angle de 15° • Parement en granit et ciment portland Les caractéristiques du premier projet de havre d’abordage et de l’éperon sont illustrées sur la figure ci-dessous : Extrait du plan de projet de l’éperon et du havre d’accostage – Décembre 1859. Extraits du plan de projet de l’éperon et du havre d’accostage annoté par Artelia– Décembre 1859 (source : archives de la Défense). 18 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 79 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 79

• Modification du projet de 1859 entre 1862 et 1863 Au début de l’année 1862, des modifications du projet de construction du havre d’accostage sont décidées. Ainsi il est décidé entre autres de surélever le fond du havre d’accostage, de prolonger les jetées et de créer une jetée en retour supplémentaire. Ces dispositions sont prises afin de mieux protéger l’accès au fort. Pendant l’hiver 1862, soit 3 ans après le démarrage des travaux, l’ingénieur en charge des travaux comprend que le brise-lames ne produira pas l’effet escompté. Par ailleurs l’entrepreneur en charge des travaux ne parvient pas à effectuer ces derniers correctement, il échoue notamment dans l’immersion des blocs de fondations de l’éperon ainsi que dans la pose des blocs de fondations du havre d'accostage. L’entrepreneur n’a réalisé en 3 ans que la moitié des travaux prévus au départ ; il finit donc par demander la résiliation du marché. Cette résiliation est suivie au mois de juin 1863 d’une proposition de modification du projet de brise-lames. Ce dernier est remplacé par un éperon à angle très aigu accolé au fort et dont l’orientation a été modifiée afin d’être orienté face aux houles dominantes. La forme de l’éperon permet ainsi de diviser les vagues. • Caractéristiques de l’éperon en remplacement du brise-lames Les caractéristiques de l’éperon qui remplace le brise-lames initialement prévu sont les suivantes : - modification de l’angle d’ouverture ; - modification de l’orientation ; - massif en maçonnerie accolé au parement de pente 1/6e ; - massif formé de blocs artificiels de volume 25 m³ ; - 3 lignes de blocs de défenses au lieu de 2 ; - enrochements de provenance charentaise. 19 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 77 1 3 Plan et élévation du brise lame et de l’avant port

• Caractéristiques du nouvel havre d’accostage Les modifications apportées au nouvel havre d’accostage sont les suivantes : - prolongement des jetées, leur longueur est désormais de 30 m contre 22 m initialement ; - ajout d’une jetée en retour enracinée sur la jetée ouest à l’entrée du havre ; - ajout de deux piles de maçonnerie à l’entrée du port pour recevoir les ponts conduisant à une nouvelle porte d’entrée. 20 • Déroulement de la construction de l’éperon et du havre d’accostage - 1862/63 – L’éperon sous sa forme initiale n’est pas terminé après 3 ans de travaux, l’entrepreneur décide la résiliation du marché. Le projet est modifié par la suite. - 1864 – En août les travaux reprennent avec le projet de l’éperon et non plus du brise-lames. La méthode de fondations du havre d'accostage est identique à celle du fort ; les fondations sont constituées de cases remplies de pierres maçonnées et recouvertes de couche de mortier Médina. - 1866 – Fin de la construction de l'éperon et du havre d'accostage bien qu’il reste quelques travaux à terminer (fin de du pavage du havre, fin de la réalisation de la risberme à l’est de l’éperon et la pose d’une vingtaine de blocs de défense). Plan coupe et élévation de l’éperon – Non daté, avec annotation par ARTELIA. Plans d’élévation et coupes des ouvrages décidés en 1862 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 79

21 • Plans d’élévation et coupes des ouvrages en 1866 (document de 1893) Ces plans correspondent, d’après nos informations, à l’ouvrage construit. Ils sont issus de levés réalisés le 5 juin 1866. Ces documents sont fournis dans un document en date du 20 mars 1893. Ils sont issus du fonds des Archives de la Défense - eMR 1 K 4 80 - 180-Reproduction par diazographie de plans du fort : coupes verticales, horizontales, longitudinales, élévations, vues des citernes, étages, soutes et plate-forme 1866. Fort – Coupe de l’éperon – 1866 Vue en coupe de l’éperon Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 80 180

Havre d’accostage 22 Vue en plan du havre d’accostage – 1866. Fort – Vue en coupe en élévation – 1866. Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 80 180 Service historique de la défense, Rochefort, SHDMR 1 K 4 80 180

23 FIN DES TRAVAUX ET OBSOLESCENCE DU FORT BOYARD L’ensemble des travaux de construction du fort Boyard est achevé le 6 février 1866. Du fait du temps très long entre sa conception et son inauguration (près de 65 ans), à peine inauguré fort Boyard est déjà obsolète : la portée des tirs de canons anglais est telle en 1866 (de l’ordre de 5 km) que les bateaux peuvent atteindre Rochefort sans être inquiétés par l’artillerie du fort Boyard ! D’où le surnom du fort : le fort de l’inutile… Il ne recevra d’ailleurs jamais l’intégralité des pièces d’artillerie qui lui étaient destinées. Il est donc peu utilisé en tant que fort. Dès 1870, il est transformé ponctuellement en prison. Mais il demande tellement d’entretien qu’il tombe peu à peu en désuétude pour finalement être abandonné en 1913. Fort Boyard : vue en plan des ouvrages historiques – État au XIXe siècle (source : APS établi par ARTELIA, octobre 2022).

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À partir de 1988, un jeu télévisé créé par Jacques Antoine se sert de fort Boyard comme décors. Le Département de la Charente-Maritime, propriétaire, prend alors en charge une série de travaux de restauration : - 1989– Rénovation complète du fort (déblaiement complet, pose de menuiseries, construction de la passerelle bois du 1er étage, vigie…) et mise en place d’une plateforme offshore (pas de changement de pierre signalé). - 1996 – 2e campagne de restauration avec la réalisation d’une terrasse étanchéifiée au sommet et l’implantation de pieux métalliques verticaux de renfort. - 1998 – Restauration de la façade extérieure nord (fissure apparue de longue date) et poursuite du glacis en terrasse en béton recouvert de briques. - 2005 – Réfection des murs intérieurs. - 2011 – Restauration de la vigie, de l’escalier extérieur, des voûtes des escaliers intérieurs et des façades extérieures en partie haute. - 2015/2016 – Nouvelle plateforme offshore et accès depuis la fenêtre de la cellule 101 (l’entrée d’origine se situait dans la cellule 001 juste en-dessous). GÉNÉRALITÉS Ainsi laissé à l’abandon, les documents d’archives permettent de constater la lente décrépitude du fort Boyard, avec notamment la disparition progressive de l’éperon et du port à l’arrière. Classé au titre des Monuments Historiques en 1950, il est racheté par divers propriétaires au cours du XXe siècle mais qui ne réalisent aucun entretien conséquent. En 1989, le Département de la Charente-Maritime devient propriétaire du fort Boyard et entreprend des travaux de restauration. 25 97 Fi, fonds Gauverat, ADCM

26 • Illustrations de la dégradation progressive du fort Boyard L’état du fort s’est altéré au long du XXe siècle. Le havre d’accostage et l’éperon ont notamment disparu et la risberme ceinturant le fort s’est considérablement dégradée. Un état des lieux de l’évolution du fort sur la base des cartes postales ou photographies aériennes disponibles est présenté ci-après. Il a été réalisé sur la base de la compilation de différentes cartes postales et photographies anciennes. Carte postale, noir et blanc, cachet postal du 7 juillet 1908 Vue aérienne entre 1910 et 1930. Carte postale, noir et blanc, vers 1900-1915. Sur ces cartes postales, les ouvrages semblent encore présents dans leur configuration « initiale ». 78 Fi, fonds Claude Aubineau, ADCM 30S, fonds subdivision des phares et balises, ADCM 97 Fi, fonds Gauverat, ADCM

Photographie noir et blanc ayant servi au tirage de la carte postale n° 9826 - Éditions Raymond Bergevin "Ramuntcho", La Rochelle, 31 août 1933. Photographies aériennes IGN – 1945. Sur ces photographies, l’éperon semble déjà bien dégradé et une partie de la jetée latérale Ouest a été détruite. À noter que le Ministère de la Marine a cédé le fort au Ministère de la Défense en 1929, avec un processus de déclassement en 1930 ; pouvant expliquer l’arrêt des entretiens et cet état de dégradation à partir de cette période. Carte postale, noir et blanc, datée par l’expéditeur du 13 avril 1912. Les premières photographies aériennes de l’IGN sur la zone datent de 1945. Elles permettent de visualiser le plan de masse des infrastructures restantes. 27 97 Fi, fonds Gauverat, ADCM 12 Fi Île d’Aix 199, fonds Bergevin, ADCM IGN Remonter le temps

28 Carte postale, noir et blanc, entre 1950 et 1970. Sur ces différentes photographies on observe un processus de dégradation rapide de l’éperon et des jetées latérales. 97 Fi, fonds Gauverat, ADCM

29 Photographie aérienne IGN - 1971. Carte postale en couleur, cachet postal de 1976 Sur ces deux photographies, il est possible de remarquer, nettement, que le port à l’arrière a presque entièrement disparu et que le brise-lame au nord est déjà en grande partie démoli. IGN Remonter le temps 97 Fi, fonds Gauverat, ADCM

30 Photographie aérienne IGN - 1979. Photographie aérienne IGN - 1980 Vue aérienne du fort Boyard lors des travaux de restauration du site par le Conseil général de la CharenteMaritime, photographie noir et blanc, SPHAIR, 5 octobre 1994. Vue générale ouest, tirage photographique couleur, avril 1989. Photographie au drone de mars 2019 lors des grandes marées : le port n’est plus du tout existant et le brise-lame a maintenant complétement disparu. 2677 W 30, ADCM 2677 W 30, ADCM DEPT17 IGN Remonter le temps IGN Remonter le temps

31 Vue face Sud en 1988 Vue face Sud en 2023 Laurent Fazilleau DEPT17

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33 Vue de fort Boyard et des blocs de protection à marée basse. DEPT17

34 Illustration sur la fissuration extérieure sur la façade Nord-Ouest. Fissure sur le mur d’enceinte extérieur du fort. ÉTAT DES MAÇONNERIES EXTÉRIEURES • État visuel de la fissuration en septembre 2022 Un état visuel de la fissuration des murs d’enceinte extérieurs est fourni dans un document spécifique. Elle permet d’établir que certaines faces du fort sont plus altérées que d’autres. C’est notamment le cas de la façade Nord-Ouest (au niveau de laquelle était positionnée l’éperon) qui est la plus fissurée. Il convient de préciser que la composition du fort est en granit sur la partie basse et est construite en calcaire beaucoup plus tendre et fragile sur les parties hautes. DEPT17 DEPT17

35 DEPT17 Fissure sur le plafond dans l'enceinte intérieure du fort. DEPT17 Blocs de protection à marée basse. Fissure dans l'enceinte intérieure du fort. DEPT17

36 ÉTAT DE LA RISBERME Une analyse de l’état de la risberme est fournie dans un document spécifique. Elle permet de mettre en évidence que la risberme est extrêmement endommagée. Elle a par ailleurs quasi complètement disparu sur les façades Sud-Ouest et Nord-Est (correspondant respectivement aux façades accueillant autrefois le havre d’accostage et l’éperon). Les parties de la risberme subsistant aujourd’hui sont caractérisées par la présence de nombreuses cavités et d’abaissement locaux. BLOCS DE PROTECTION Les enrochements, la risberme et le fort ont été protégés par la mise en place de blocs en béton de volume 26 m³ d’après les informations historiques disponibles. Ces blocs ont, pour certains, fortement souffert de l’attaque de la houle. De nombreux blocs ont totalement disparu (qualité de béton), d’autres ont été déplacés. Figure illustrant les principales dégradations de la risberme. État des blocs de défense au droit du futur éperon (mars 2019). -42 cm -29 cm -60 cm -48 cm -37 cm -19 cm -80 cm -100 cm -70 cm -90 cm -23 cm -100 cm -60 cm Cavité dans la risberme Abaissement local de la risberme Cote initiale risberme z=+2m CM 3 Zones non découvertes ne permettant pas la réalisation des mesures DEPT17 DEPT17

37 Les investigations menées régulièrement depuis plusieurs années permettent de disposer d’une connaissance fine des désordres qui concernent le fort Boyard. Si les fissures ne sont pas considérées comme altérant nettement la pérennité de l’ouvrage, il n’en est pas de même de la disparition de l’éperon, du havre d’accostage et de la dislocation de la risberme. Les études, et notamment l’expertise menée par UBC Ingénierie, concluent à la ruine inéluctable du fort Boyard si des ouvrages destinés à assurer sa protection vis-à-vis des courants et de la houle ne sont pas construits. LA RUINE DU FORT BOYARD, EN L’ABSENCE DE TRAVAUX LOURDS ET/OU DE RÉPARATIONS

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39 LOCALISATION GÉNÉRALE DU FORT BOYARD ET DE SES ENVIRONS IMMÉDIATS Le fort Boyard est localisé à l'intérieur des périmètres suivants : - Parcelle cadastrale AK0001, d’une superficie de 2 072 m², rattachée à l’île d’Aix ; cette parcelle épouse les limites actuelles du fort Boyard ; elle n’intègre pas les anciens ouvrages qu’étaient l'éperon et le havre d’accostage. Cette parcelle AK001 est propriété du Département de la Charente-Maritime. Les abords immédiats du fort Boyard (et donc les espaces qui jouxtent la parcelle AK001) sont localisés sur le DPM naturel. - Communauté d’agglomération Rochefort-Océan ; - SRADDET Nouvelle-Aquitaine ; - SCoT du Pays Rochefortais ; - SDAGE Adour Garonne ; - SAGE Charente. - PNM de l’Estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis (FR9100007). - Périmètres de protection des milieux naturels : ● Z SC « Pertuis Charentais » (directive Habitats), FR5400469 ; ● Z PS « Pertuis Charentais – Rochebonne » (directive Oiseaux), FR5412026. - Stratégie de façade maritime Sud-Atlantique. - Monument historique ; le fort Boyard est ainsi inscrit par arrêté ministériel depuis le 01/02/1950. - Site classé « Estuaire de la Charente » (classement par arrêté ministériel du 22/08/2013). - Grand site de France « Estuaire de la Charente et arsenal de Rochefort ». Fort Boyard et Monuments historiques Cartographie de protection du patrimoine bât Monuments historiques Geoportail

40 Cartographie de protection des paysages Site classé Le grand site de l’estuaire de la Charente et de l’Arsenal de Rochefort Artelia Artelia

ARCHITECTURE, PAYSAGE, PATRIMOINE ET ICONOGRAPHIE « Le paysage de l’estuaire de la Charente est le fruit original et imprévisible, comme l’est la liberté créatrice des Hommes, de la rencontre de la nature et de l’histoire.» Emmanuel Lopez Vaisseau de pierre à la forme immédiatement reconnaissable, il semble surgir de nulle part au milieu de l’océan. Il est aujourd’hui une icône médiatique et touristique, porteuse de l’image de tout un département. Les nombreux changements des activités du fort au fil des siècles ont conduit à l’évolution des perceptions visuelles du monument. Hier vaisseau de guerre et de défense avec un éperon et un havre de débarquement, aujourd’hui véritable icone médiatique et touristique et emblème d’un site remarquable. Les images d’hier, d’aujourd’hui et de demain se confondent… A cette histoire s’ajoute les nombreux produits dérivés montrant une image monumentale et iconique du fort Boyard comme un vaisseau de guerre au milieu de l’estuaire de la Charente. Au-delà de l’aspect monument historique, c’est le paysage du fort Boyard dans lequel il s’inscrit qu’il convient de prendre en compte dans le cadre du projet. Le paysage du fort et du Pertuis est ici perçu comme une dimension sensible, esthétique et affective, contribuant au sentiment d’appartenance voire à l’identité territoriale du site. Les habitants, les visiteurs, les usagers et les téléspectateurs sont en grand nombre attachés au fort et à son paysage de l’estuaire de la Charente. Cependant, cette dimension pourrait conduire à surprotéger le Monument et son site. Patrimonialiser le paysage entraîne donc toujours le risque de l’enfermer dans des logiques illusoires, dans une vision nostalgique qui laisserait croire que l’on peut non seulement transmettre les composantes matérielles intactes mais aussi les pratiques, les codes et les regards qui les ont construites en tant en paysages. Hors, ce n’est pas ce que nous montre l’histoire du fort qui au contraire a toujours évolué et été en constante construction, reconstruction et réhabilitation jusqu’à nos jours. Demain, vers l’émergence d’un bien commun. Le fort rayonne bien au-delà de l’estuaire de la Charente, c’est aujourd’hui un bien public aux multiples regards et activités. Il convient certes de le préserver mais aussi de faire vivre afin que son histoire ne soit pas figée. La grande diversité des perceptions visuelles, les multiples iconographies et produits dérivés nous indiquent que le fort a été approprié par le plus grand nombre, c’est ce qui fait son histoire et son image de monument. 41

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43 LES TRAVAUX Suite aux éléments historiques développés précédemment, aux constats de la ruine des ouvrages de protection, aux détériorations du fort Boyard et aux expertises qui concluent à la ruine du fort, le projet consiste en la restructuration dans l’esprit de la construction originelle, avec les technologies et les matériaux actuels, les ouvrages de protection éperon et havre d’accostage. - D’un éperon de protection contre la houle sur la face Nord-Ouest du fort ; - D’un havre d’accostage sur la face Sud-Est du fort ; - De la réfection de la risberme de protection existante et des blocs de protection. La reconstruction de l’éperon vise à protéger le fort contre la houle et les courants marins tout en garantissant l’absence de transmission d’efforts vers le fort. La reconstruction du havre d’accostage répond à un double objectif : - protéger l’arrière du fort et de son assise de l’attaque de la houle (effet de vortex) - permettre sous conditions nautiques favorables, un accès au fort ; La reprise de la risberme vise à protéger le fort contre les effets d’érosion et d’affouillement qu’induisent les courants et les houles. La protection de toute la périphérie du fort est essentielle pour empêcher la dégradation de l’assise du fort. La remise en place de blocs de protection permet une première atténuation de l’énergie de la houle avant qu’elle n’atteigne les ouvrages de protection puis le fort. Les travaux consistent en la réalisation : LA DEMANDE Face Ouest A2 250 Face Ouest A2 250 Plan A2 350 - Risberme Groupement ETPO

44 ARCHITECTURALE ÉPERON Le travail de conception architecturale de cet ouvrage s’est attaché à trouver le juste compromis, avec mesure, entre l’indispensable construction d’un ouvrage de protection performant, adapté aux contraintes actuelles et la prise en compte de contraintes issues de l’analyse historique de la forme de l’ouvrage autour d’axes principaux : • le respect de la forme symétrique de l’ouvrage et de l’altimétrie historique de l’ouvrage ; • le travail de raccordement et de liaison avec les parois latérales du fort ; • l’aspect des parements extérieurs. Ces contraintes ont guidé et enrichi le travail de conception afin de proposer un ouvrage permettant dans sa forme, dans son rapport de proportion verticale, dans son aspect extérieur d’être respectueux de l’ouvrage historique et de son rapport avec le fort auprès duquel il va retrouver sa place. Les étapes de conception architecturale des ouvrages ont été présentées, à chaque étape, aux services des Architectes des Bâtiments de France, des Monuments Historiques et de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement inspection des sites) afin d’aboutir sur un projet partagé. Les calculs hydrauliques ont démontré qu’il était possible de faire une restitution historique de l’altimétrie : un premier mur chasse-mer conservera l’altimétrie d’origine (+9.90 m CM), un second brise-lames côté fort de même altimétrie afin de « dégager » le dessin des baies du niveau rez-de-chaussée du fort. Un travail de raccordement des extrémités de l’éperon a été effectué afin d’adoucir les transitions et le raccordement avec les parois latérales du fort. L’installation d’emmarchements permettra de gérer cette transition, en référence avec les dispositions architecturales anciennes. Ils serviront d’accès à la terrasse haute, mais aussi de guide, de couloirs naturels pour évacuer les eaux arrivant sur la terrasse. L’ouvrage sera décalé du fort de 2 m. Le projet de reconstruction de ces ouvrages, au-delà d’assurer la protection et la pérennité du fort et sa transmission aux générations futures, est l’opportunité de restituer ce monument historique dans son intégrité originelle. LE PROJET

45 Emmarchement latéral d'accès avec mains courantes Bande de désolidarisation du Fort de 2 mètres de largeur Plateforme , finition béton brut Mur chasse mer Finition béton teinté matricé Joints de fractionnement/dilatations/clavages intégrés dans le travail de calepinage Brise lame arrière Finition béton teinté matricé Joints de fractionnement/dilatations/clavages intégrés dans le travail de calepinage Parois de régulation de l'écoulement de l'eau désolidarisées du Fort Raccordement de la risberme 2.30 4.70 2.00 1.00 11.50 6.42 3.10 +9.90 +8.50 +2.00 ±0.00 Glacis d'accompagnement Blocs de protection en pied d'Eperon 0.66 1.18 +9.90 Emmarchement latéral avec mains courantes Glacis d'accompagnement +9.90 NGF ±0.00 NGF Finition du parement extérieur par matriçage "pierre" sur béton teinté dans la masse Plan de repérage PLAN FACADE OUEST FACADE NORD COUPE LONGITUDINALE Travau Plan - F Indice ECHELLE : 1/150 12227 N°Affaire AVP Phase Date Etabli V DG BT/DG 20/01/2023 0 NORD DG BT/DG 16/07/2023 A1 Le choix de conception d’un ouvrage monolithique permet de limiter les risques de pertes de cohésion et d’assurer une meilleure stabilité et résistance pour cet ouvrage qui sera particulièrement sollicité. L’ouvrage en béton recevra une finition matricée afin de reproduire l’aspect, la texture des anciens parements extérieurs, en reprenant les hauteurs d’assises les modules et les calepinages de pierre de taille. Le choix d’une conception d’un ouvrage utilisant des techniques modernes alliées à une finition texturée restituant l’aspect et la teinte des parements pierre de taille (granit), a été privilégié. Cela représente le « juste » compromis entre la solidité et l’efficacité de l’ouvrage grâce aux techniques modernes et le respect des dispositions architecturales anciennes dans sa forme et son aspect. 8,50 m Principe de conception de l'éperon Groupement ETPO

46 HAVRE D’ACCOSTAGE Une restitution la plus fidèle de la forme de l’ancien havre d’accostage sera réalisée. L’altimétrie d’origine des jetées est conservée afin de restituer la proportion d’ensemble entre le fort de part et d’autre duquel se détache la masse de l’éperon et son havre d’accostage à des hauteurs altimétriques proches. L’épaisseur et le profil des jetées ont été retravaillés et optimisés afin d’atteindre des épaisseurs proches des dispositions anciennes et restituer la volumétrie d’ensemble. Les parois en béton recevront une finition matricée reprenant les modules des anciennes assises de pierre. Le béton recevra une finition teintée se rapprochant de la teinte granit. Cette disposition permettra au-delà d’être fidèle aux dispositions architecturales d’origine, « d’assoir » le fort et les deux ouvrages de protection accolés dont les altimétries règnent avec le soubassement du fort constitué de maçonnerie de granit. Blocs de protection en pied Restitution des emmarchements latéraux mains courantes d'accompagnement et organeaux d'amarrage Restitution des édicules latéraux en pierre de taille Passerelle d'accès au Fort Plateforme en béton teinté matricé Restitution de la protection de la plateforme des jetées par potelets et chaînes +10.40 +10.40 1.10 +2.00 +9.80 +10.40 Barrière flottante "anti-franchissement" fixations encastrées latéralement Restitution des murets latéraux Passerelle d'accès au Fort Restitution des emmarchements latéraux mains courantes d'accompagnement et organeaux d'amarrage +9.80 NGF +10.40 +2.00 PLAN FACADE SUD COUPE LONGITUDINALE Avant Projet Maitrise d'ouvrage: Groupement entreprises/Bureau d'études: HAVRE D'ACCOSTAGE Travaux de protection contre la houle du Fort Boyard Plan - Façades Sud & Ouest - Coupe longitudinale Indice ECHELLE : 1/150 12227 N°Affaire AVP TEC A&P PLA 12230 A1 Phase Dossier Emetteur Type de doc Numéro Indice FORMAT : A1 NOMBRE DE PAGES : 1 Date Etabli Vérifié Approuvé Suivi des modifications Création du document DG DG BT/DG 20/01/2023 0 DG DG BT/DG 16/07/2023 A1 Traitement des parements teinte granit Restitution des calepins de couronnements par matriçage Restitution des proportions des deux édicules de tête et des murets de la jetée sud Les deux escaliers d’accès à la plateforme des jetées seront restitués et légèrement élargis pour permettre un confort d’accès. Un système de mains-courantes sur ces escaliers sera installé côté parois afin de permettre l’amarrage des embarcations futures. Le dessin de ces éléments de ferronnerie reprendra le dessin des gardecorps d’origine, composés d’une lisse métallique. Des organeaux d’accostage seront restitués sur le modèle des anciens, leur positionnement reprendra celui d’origine. Les deux édicules de protection seront restitués dans leur forme, conception et matériaux d’origine. Les potelets en fonte seront restitués de même que les chaînes de liaison. Les murets latéraux d’accès à la jetée Sud depuis la jetée Ouest seront restitués. Groupement ETPO Groupement ETPO Présentation des équipements prévus

47 La passerelle d’accès au fort est composée d’un platelage d’accès depuis les jetées principales. Cette passerelle métallique longera la paroi du fort jusqu’à l’accès central. Un système de garde-corps sera créé sur le modèle de la charte graphique en vigueur sur le reste du fort avec une harmonie dans les formes et les teintes. Géométrie retenue pour les jetées Ouest et Est sur base des données historiques 11,20 m Principe de conception du havre Groupement ETPO

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