Avis du CNPN

Mammifères semi aquatiques Remarque portée sur l’avis du CNPN : « L’appréciation des enjeux liés au Campagnol amphibie, ainsi qu’au Vison d’Europe est insuffisant. Le CNPN recommande d’envisager des mesures permettant de limiter les interactions routières avec cette espèce rare et menacée, faisant l’objet d’un PNA et dont le secteur géographique d’implantation de cette rocade se superpose avec le domaine vital de cette espèce. Ceci pour les ruisseaux de la Brousse et de la Cozillonne. Une clôture anti-retour est à prévoir sur les secteurs à enjeux. » Réponse du Département : Identification des espèces de mammifères semi-aquatiques Le bureau d’études GREGE, spécialisé dans l’étude et la conservation des mammifères semi-aquatiques a mené en mai 2023 des investigations spécifiques complémentaires qui se sont basées sur la recherche d’indices de présence du Campagnol amphibie, de la Musaraigne aquatique, de la Loutre d’Europe et du Vison d’Europe. Les données bibliographiques collectées sur le Campagnol amphibie convergent vers une même appréciation, la présence de l’espèce sur ce secteur de Charente-Maritime n’a jamais été confirmée sur les parties amont du bassin versant de la Seudre. Les recherches du GREGE sur 6 transects présentant une vegetation fournie n’ont pas permis de détecter non plus la presence de l’espèce. Le ru de la Brousse n’est pas jugé favorable puisqu’il s’apparente à un fossé agricole profond, avec une strate herbacée basse fournie, peu hygrophile sur certains tronçons. La Cozillonne est quelque peu plus favorable avec des habitats potentiels limités aux berges. Il est donc retenu que les potentialités de présence de l’espèce semblent très faibles même si les habitats semblent assez favorables sur la Cozillonne amont. Aucune donnée bibliographique de presence de la Musaraigne aquatique n’a été recensée jusqu’à ce jour sur la zone d’étude. Des tubes capteurs de fèces et de poils ont été posés. Leur analyse permet de conclure en l’absence de l’espèce. La Loutre d’Europe est considérée comme largement répandue dans tout le bassin versant de la Seudre avec des données récurrentes et nombreuses depuis des années. Le protocole d’investigations s’est basé sur la recherche d’indices caractéristiques (épreintes, grattés et empreintes). Le ru de la Brousse s’apparente à un fossé agricole profond, avec uniquement une strate herbacée basse fournie, peu hygrophile sur certains tronçons et peu de potentialités de catiches, hormis au sol dans la végétation ou dans quelques terriers de ragondins, en l’absence de ripisylve, troncs creux, systèmes racinaires. Il est jugé dans un mauvais état de conservation pour la Loutre d’Europe et les habitats sont strictement limités au lit mineur et à la pente des berges. Le haut de berge correspond à une bande enherbée agricole. La Cozillonne est plus favorable, avec un écoulement présent lors des visites de terrain et des habitats potentiels au niveau de la pente des berges et du lit mineur au droit du projet. Des épreintes ont été relevées au droit du projet au lieu-dit Aurillières, juste en amont de la ligne SNCF confirmant donc la présence de la Loutre d’Europe dans le secteur. La Loutre d’Europe exploite donc pleinement les écoulements concernés et représente un enjeu très fort pour le projet en termes d’impacts potentiels de « destruction d’habitats d’espèces » lors de la construction, d’impacts « mortalité d’individus en phase chantier » et d’impacts « mortalité par collision en phase exploitation ». Le projet est positionné au cœur de l’aire de répartition du Vison d’Europe et de l’aire de prise en compte de l’espèce définie par le Plan National d’Actions et la DREAL Nouvelle–Aquitaine. Le ru de la Brousse est jugé dans un mauvais état de conservation pour l’espèce (habitats limités au lit mineur et à la pente des berges). La Cozillonne est plus favorable, pour les mêmes raisons que celles citées pour la Loutre. Le Vison d’Europe exploite pleinement les écoulements concernés et représente un enjeu majeur pour le projet en termes d’impacts potentiels de « destruction d’habitats d’espèces » lors de la construction, d’impacts « mortalité d’individus en phase chantier » et d’impacts « mortalité par collision en phase exploitation ». Evaluation des impacts et mesures ►Risque de destruction et/ou dégradation des habitats L’évitement des zones à enjeux, un tracé qui s’inscrit au maximum sur des voies déjà existantes, l’évitement total du ruisseau de la Brousse et la mise en place d’un ouvrage de type portique ouvert en béton armé (PIPO) (mesure R12) d’une ouverture de 6,00 m* pour garantir qu’aucune intervention n’aura lieu sur une bande minimale de 5 mètres correspondant au lit mineur, à la pente des berges et au haut de berge permettent de conclure que les impacts résiduels sur les habitats des mammifères semi-aquatiques seront nuls. * L’ouvrage de franchissement de La Cozillonne était à l’origine prévu avec une ouverture de 5,00 m. Afin de totalement garantir l’évitement des habitats des espèces de mammifères semi-aquatiques, notamment en intégrant les fouilles pour l’ouvrage ou les emprises chantier, l’ouverture a été augmentée à 6,00 m. Ouvrage de franchissement de la Cozillonne avec ouverture portée à 6,00 m ►Risque de cloisonnement des habitats et des populations L’ouvrage installé sur la Cozillonne, de par sa nature et ses dimensions, assure une totale transparence pour les mammifères semi-aquatiques grâce aux berges conservées et aux 4 dalots associés pouvant être exploités par la petite faune. L’impact résiduel est donc nul. ►Risque de mortalité par collision avec les véhicules au niveau du franchissement de La Cozillonne La mortalité par collision routière est un facteur important de réduction des effectifs et une cause majeure de régression des Mammifères semi-aquatiques comme la Loutre ou le Vison d’Europe. Pour ces espèces à effectifs réduits, chaque individu compte pour la population et tout impact individuel est préjudiciable au maintien du noyau tout entier. La mortalité routière est due aux modes de déplacements de ces espèces qui ont plutôt tendance à vouloir cheminer sur des berges. L’absence de berges sous un ouvrage oblige insite l’animal à grimper sur le talus puis à traverser la chaussée. Dans le cadre du projet, la dégradation des milieux concentre les déplacements au niveau des corridors que sont les écoulements. Les risques de collision existent si aucune mesure n’est mise en place lors du franchissement de la Cozillonne. En outre, l’implantation d’un bassin tampon à l’extrémité Est positionne un milieu humide qui deviendra à terme, favorable et attractif pour les mammifères semi-aquatiques qui pourraient alors traverser la chaussée en l’absence d’ouvrage franchissable. La circulation des espèces au niveau de la Cozillonne est assurée par les banquettes naturelles conservées dans l’ouvrage et par les dalots de décharge accolés à l’ouvrage, réduisant de fait une partie des risques de collision. Cependant, afin d’éviter tout raccourci pris par des individus, la mise en place de protections anticollision visant à couper les déplacements le long des fossés des abords de la Cozillonne ainsi que ceux entre la Cozillonne aval et le bassin tampon et ceux entre la Cozillonne amont et le bassin sont conseillées et vont donc être incluses au projet. Le type de protection est un doublement des glissières de sécurité par un écran bois. Les linéaires concernés devront être adaptés aux zones définitives à risque dépendantes de l’implantation exacte du bassin et des fossés d’assainissement et buses associées. L’ordre de grandeur est de 150 mètres pour chaque linéaire. Ecran bois Glissière mixte bois/métal Ecran de protection bois Page 83

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