Le magazine de la Charente-Maritime - N°91

Histoire / 27 « Au très glorieux et très saint roi, énergétique défenseur de l’indépendance nationale, Louis IX, qui, sur le pont de Taillebourg, puis sous les murs de la ville de Saintes, les 22 et 24 juillet 1242, a taillé en pièces et mit en déroute l’armée anglaise ». Gravé dans le marbre d’un monument aujourd’hui disparu, cet hommage à Saint Louis raconte un pan important de l’histoire de France et de notre territoire. l illustratrice Cette illustration de Saint Louis a été réalisée spécialement pour le Département par la Charentaise-Maritime Charlotte Bellaiche. Diplômée de l’école de Condé, elle est la fondatrice du studio de création graphique Pangraphe. Elle exprime ses talents en tant que directrice artistique graphiste et illustratrice. www.pangraphe.fr Saint Louis et la bataille de Taillebourg Canonisé par l’Église catholique à la fin d’un siècle qui le vît naître en 1214, l’enfant roi Louis IX, devenu donc Saint Louis, régnera plus de quatre décennies sur un pays ballotté alors entre deux royaumes : ceux de France et d’Angleterre. Fils de Louis VIII, c’est à la mort de ce dernier que celui qui considère être né le jour de son baptême à Poissy va être sacré roi des Français. Trop jeune à 12 ans pour gouverner, c’est d’abord sa mère Blanche de Castille qui va exercer le pouvoir suprême. Un pouvoir vite contesté par des seigneurs qui ne supportent pas facilement d’être conduits par un enfant et une femme étrangère. Se révoltant alors à plusieurs reprises, ces barons réfractaires à l’ordre établi font finalement vœu d’obéissance au roi… jusqu’à la prochaine rébellion. En 1227, la paix n’est établie que provisoirement avec l’Angleterre et son monarque Henri III. Grand adversaire de la monarchie française, celui-ci n’a en effet pas renoncé à récupérer les territoires que ses prédécesseurs possédaient en France, en tant que ducs de Normandie et d’Aquitaine, avant d’être reconquis par Philippe Auguste, le grand-père de Louis IX. Une révolte "anglaise" menée par un baron poitevin La révolte d’un baron poitevin, Hughes X, seigneur de Lusignan et comte de la Marche et d’Angoulême, va sonner le tocsin d’un nouvel affrontement franco-anglais. Loin des capitales successives de France et d’Angleterre, le comté affiche alors une grande tradition d’autonomie au sein de l’Aquitaine, jusqu’à ce que le jeune roi Louis IX prenne possession de son fief en 1240. Liguée contre un suzerain trop puissant à leurs yeux, la noblesse poitevine se rallie à la cause d’un Hughes X destitué, après s’être opposée publiquement au roi lors de l’assemblée solennelle des vassaux du comte de Poitou. Faisant suite à la confiscation des domaines du rebelle, Henri III décide de prendre part à la coalition afin de faire valoir ses droits en France. Débutée en avril 1242, la guerre de Saintonge qui s’en suit durera un an. Après avoir pris les châteaux rebelles, dont celui de Tonnay-Boutonne, l’armée royale française progresse dans sa conquête du Poitou jusqu’à Taillebourg et le pont enjambant la Charente. De l’autre côté du fleuve attendent les Anglais et les Poitevins rebelles, bien décidés à en interdire le passage aux Français. Saint Louis vainqueur à Saintes Après que ceux-ci aient finalement réussi à franchir cet obstacle, un premier affrontement a lieu le 22 juillet devant Saintes. Galvanisés par cette première victoire, les 4 000 chevaliers et les 20 000 hommes de l’infanterie royale font battre en retraite les troupes anglaises, le roi Henri III se réfugiant à Blaye pendant que les belligérants poitevins se dispersent et regagnent leurs terres. Au terme de cette bataille de Taillebourg, les clés de la ville sont remises à Saint Louis le 24 juillet par les citoyens de Saintes. Le 7 avril 1243, une nouvelle trêve est signée entre Henri d’Angleterre et Saint Louis. Glorifié par un tableau d’Eugène Delacroix intitulé La Bataille de Taillebourg gagnée par Saint Louis, le roi Louis IX meurt de maladie en 1270 à Carthage, lors de la 8e croisade à laquelle il participe. Il laisse de lui une image de roi guerrier, mais surtout d’un réformateur désirant léguer un royaume dont les sujets doivent être soumis à un pouvoir juste. Le saviez-vous ? Répertorié comme « arbre remarquable » de la Charente-Maritime, l’immense chêne de Plassay, présent sur le blason de cette commune située au nord-ouest de Saintes, là même où la bataille de Taillebourg eût lieu, est tombé le 16 mai dernier. D’une circonférence de 8 mètres et haut de 24 mètres, ce « géant » a traversé les siècles, bravé des dizaines de tempêtes, avant donc de se fendre et de se coucher suite à un énième coup de vent. A-t-il vu Saint Louis bouter les Anglais hors de son territoire en l’An 1242 ? Nul ne le sait, mais c’est en tout cas un témoin du très lointain passé saintongeais qui nous a quittés.

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