Magazine du Département de la Charente-Maritime - N°84

L'histoire / 25 © Gettyimages / Illustration : Sandrine Antoni-Grenier L'histoire 24 / Les grottes aux mille légendes Nichées à 30 m au-dessus de la mer, les grottes troglodytes du Régulus à Meschers-sur-Gironde contemplent l’estuaire et l’Histoire dont sont faites les légendes. De la préhistoire à nos jours, ces mythes et réalités racontent à leur manière le récit d’une ville dont le destin est intimement lié à ce site envoûtant. C e sont des cavités de calcaire créées par l’ouvrage du temps et de l’érosion avant que l’homme n’y mette sa touche finale. Et ce, peut- être, dès la préhistoire, où la ligne de côte s’étirait alors à plus de 80 km. Difficile, bien sûr, d’avoir des preuves formelles mais voilà qui constitue la première des légendes attachées aux lieux. On en dénombre bien plus. On rapporte par exemple qu’au VIII e siècle les sarrasins ont commencé à prendre possession des grottes pour y creuser des silos, dont les traces sont encore visibles de nos jours. Ces mêmes cavités ne tardèrent pas à être réutilisées au moyen-âge pour y cacher le sel de contrebande et ainsi échapper à l’impôt de la gabelle. Il faut dire que les grottes ont toujours été associées à des histoires de forfanterie et c’est sûrement ce qui participe à leur renommée. Les vilains ont toujours fasciné davantage. Mais les cavités naturelles ont également servi de refuge à travers les âges. Les protestants, au plus fort des guerres de religion, s’en sont servis pour y pratiquer leur culte et s’offrir ainsi une clandestinité salvatrice. La tradition rapporte aussi qu’elles sont devenues un repaire tout trouvé pour les pirates et les détrousseurs d’épaves. Parmi ces derniers, Cadet le naufrageur a laissé sa légende à la postérité. On raconte que la nuit, en accrochant à son bélier une lanterne éclairée, il trompait les bateaux qui naviguaient au large. Les navires croyant suivre le signal d’un phare s’échouaient sur les rochers laissant au naufrageur tout le loisir de piller les épaves. Son trésor aurait été immense. Il n’a jamais été retrouvé… Le destin maritime des grottes connaît son acmé avec l’histoire qui leur a donné leur nom: le naufrage du Régulus. Nous sommes en 1814. Le capitaine Jacques Mathieu Régnauld est commandant d’un 3 mats armés de 74 canons dont la mission est de protéger l’embouchure de la Gironde des ennemis britanniques. Pour cela il est accompagné de 3 autres bricks : le Malais, le Sans-Soucis, et le Java. Très vite cependant, une escadre anglaise de 10 navires surgit et commence à faire feu. Acculés, les marins français s’approchent du fort de Meschers pour se mettre sous sa protection. Hélas il est déjà trop tard. Suivant les ordres de sa hiérarchie, le capitaine Régnauld décide de saborder sa flotte pour éviter qu’elle tombe aux mains de l’ennemi. Dans la nuit du 7 au 8 avril, les équipages sont débarqués et se réfugient dans les grottes. Les officiers disposent aux endroits stratégiques de leurs vaisseaux les matières inflammables et allument un brasier qui, selon la légende, durera 3 jours et 3 nuits. On pourrait penser que les histoires et racontars concernant les grottes du Régulus s’arrêtent là. Mais il suffit de discuter un peu avec les michelaises et les michelais pour que très vite d’autres contes surgissent, amplifiant ainsi la légende des grottes et la profondeur de leur mystère. Et au fond qui s’en plaindrait ? Pour visiter les Grottes rendez-vous sur grottesduregulus.com l'illustratrice Cette illustration de Cadet le Naufrageur a été réalisée spécialement pour le Département de la Charente-Maritime par Sandrine Antoni-Grenier. Cette illustratrice, diplômée de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art (Ensaama - Olivier de Serres), conçoit ses images, non sans fantaisie, crée ses compositions avec un regard sensible, souvent inspiré par son environnement.

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